31 août 2010

C'était une fille formidable

J'en ai pas parlé encore ici parce que je cherche vaguement les mots pour exprimer ça depuis trois jours et honnêtement, je ne les ai pas encore trouvé.

J'ai appris samedi après-midi, innocemment, en naviguant sur Facebook avec mon cellulaire - et ça rend la nouvelle encore plus horrible il me semble - le décès d'une très bonne amie avec qui j'allais au Cégep.

J'avais entendu parler de l'accident de voiture, bien sûr, tout le monde en avait entendu parler. Mais je n'avais pas pensé à elle en particulier, pourquoi ce serait quelqu'un que je connais ? Je n'ai pas arpenté Facebook, d'un air morbide, en m'attendant à tomber sur une connaissance quelconque qui serait morte dans l'accident - j'ai une amie qui fait ça et j'ai toujours trouvé ça plutôt discutable.

Alors voilà, mon amie est morte et je ne sais pas comment réagir. Nous n'étions plus très proches, j'avais fait mes choix (discutables également) de programme universitaire, de vie de couple fusionnelle, et de son côté, elle était partie faire un programme en design.

Mais je suis sûre que vous pourrez comprendre...Mél était ma partner de Cégep. Celle avec qui j'étudiais toute la nuit, celle avec qui je faisais tous mes projets, celle avec qui je déconnais silencieusement en faisant des dessins stupides pendant les cours magistraux d'Éléments de culture, celle avec qui j'achetais des bonbons en prévision des films en philo. On avait pratiquement tous nos cours ensemble.

Mél est la première amie que je me suis fait en Arts et Lettres parce qu'avec elle, c'était facile. Elle aimait tout le monde et well, grande surprise, tout le monde l'aimait. C'était une fille rassembleuse, rayonnante, intense. On papotait des heures durant avec Myriam, notre autre partner de Cégep.

Ça faisait un bout que je n'avais pas croisé Mél dans un bar, ou dans un resto, ou discuté avec elle sur Facebook. Je ne peux pas donc dire que c'était encore une amie proche. Mais ça me chamboule complètement. Une histoire d'accident horrible, en plus. L'alcool, la vitesse, elle a aboutit, fuck, une remorque à bateau, un autobus, et elle a terminé sa course dans le salon d'une maison. Personne ne l'a dit à voix haute pour ne pas manquer de délicatesse mais tout le monde le pense, oui, elle ne s'est pas aidé en agissant comme ça.

De là à penser qu'elle le mérite...je ne crois pas. Du temps que nous faisions les 400 coups ensemble, on désignait toujours un conducteur, je l'ai déjà vu se chamailler avec un ami qui voulait conduire avec un verre de trop dans le nez. Une erreur de jugement ? Absolument. Je ne sais pas si elle faisait ça souvent, je ne suis pas là pour jouer l'avocat du diable, c'est facile de tourner la page du journal en se disant, eh ben, un autre jeune irresponsable, mais je crois sincèrement que Mél n'était pas une tête brûlée.

Quelque part en moi, je crois, avec ironie peut-être, que Mél préfère être décédée de cette manière...flamboyante...plutôt que d'une manière désolante. Elle vivait avec, je me répète, beaucoup d'intensité. Ce soir-là, c'était le soir de la lune et Mars qui étaient côte-à-côte. Parfois j'essaie d'imaginer qu'elle a levé la tête, déconcentrée, en disant à son ami (qui n'est pas décédé), regarde la lune, c'est malade ! Wow ! et qu'elle riait. J'espère vraiment qu'elle riait et qu'elle était heureuse. On ne le saura sans doute jamais, mais bon.


Ce sont les funérailles demain, je ne sais pas si des amis du Cégep iront, moi je suis chanceuse, dans la mesure où je n'ai pas encore commencé l'université et que ma job me permet d'être en congé. Je suis un peu mal à l'aise de me pointer là-bas toute seule mais je me sens encore plus mal à l'aise à l'idée de ne pas y aller. Je ne sais pas comment m'habiller, ni quoi dire à sa famille éplorée, en fait, je ne suis à l'aise qu'avec une seule partie des funérailles : celle où on doit se rappeler un souvenir qui nous est cher avec la personne décédée.

Voilà. Pour une fille qui cherchait ses mots, on peut dire que ça a fait du bien. C'est pas tellement littéraire ou poétique mais ça m'a vraiment fait du bien.

3 commentaires:

Noisette Sociale a dit…

Je suis tellement désolée de lire ça... :(

Les mots me manquent pour te dire à quel point, tout au long de ma lecture, j'avais une boule d'émotions prise au fond de la gorge.

Mes plus sincères sympathies.

Anonyme a dit…

Fuck! Ça fesse hein! Ça m'est arrivé il y a quelques mois. Un Mélanie moi aussi. Probablement pas la même elle avait mon âge. Une fille que j'avais rencontré au travail il y a 6 ans. On était devenus amies rapidement, puis on s'est perdu de vue un petit bout. Cet hiver je repensais à elle et je la cherche sur facebook.. je suis presque tombée en bas de ma chaise quand j'ai réalisé qu'elle s'était tué en auto. Mais il était trop tard pour les funérailles. Sinon je serais allée. Tu devrais y aller, je pense que ça aide à boucler la boucle.

Anonyme a dit…

Bel hommage.
Tu fais bien d'aller aux funérailles.
Mes sympathies et je comprends l'effet de la partner de cégep qu'on a perdue de vue. Prends soin de toi.