6 septembre 2008

Avaler la mer et les poissons

Le texte est somptueux, rentre-dedans, mouillé et lumineux. Je l'ai lu en une courte heure, assise sur ma toilette, incapable de détacher mes yeux des mots amers et douloureux d'amour et de mort hâtifs. J'ai dévoré les phrases, les virgules, l'itallique et la symbolique. Au détour d'une page, Kiki l'artiste explique simplement à Jérôme, son ami-mort avec qui elle a la chance de discuter une dernière fois de l'au-delà, son nouveau bonheur.

Et j'ai tout compris, j'ai tout compris ce que moi je tente d'écrire depuis le tout début,j'ai compris comment je me sens, j'ai compris pourquoi je me sens lasse et amoureuse à la fois, comment c'est possible de vouloir faire briller son bonheur sans pourtant vouloir blesser les uns et les autres.

J'ai rencontré un homme. Un raz-de-marée.

La pièce regorge de belles citations, que j'aurai volontairement souligné si j'avais eu un crayon à ma lecture - même si on dit qu'il ne faut jamais faire ça, je suis de l'école qui croit pourtant que c'est pas un pêché mortel. La pièce porte sur les deuils, et comme dirait Josélito, pas seulement les deuils que nous oblige la mort. Le deuil d'une amitié, qui fait souvent aussi mal que la peine d'amour, le deuil de soi, le renoncement de son art contre le bonheur, bref...On retrouve ici des thèmes qui parsèment mes écrits, mon blog, vous en conviendrez. Cette pièce a vraiment trouvé écho en moi. Et le 5 novembre, lors de la représentation à laquelle j'assisterai, je me promets le droit d'en pleurer, de pleurer sur le raz-de-marée qui m'envahit et pour qui je suis prête à accepter ses changements, ses deuils parfois profonds, de sourire aussi, parce que c'est tellement beau, quand ça nous arrive, et que je le comprends pour la première fois. Parce que je laisse quelqu'un me bouleverse en entier sans peur, sans mouvement de recul. Parce que je me suis retrouvée en cette Kiki - et non pas en la Kiki de Marie-Sissi Labrèche, quoiqu'avant...- qui a décidé de ne pas bouder le bonheur.

En vrac, des citations :

J'ai arrêté de prier, mais à chaque seconde, je me bats contre mon propre cynisme.

Ça fait du bien de s'arrêter. Même si c'est pour regarder la mort passer.

Je voudrais pouvoir absorber tout ce que vous avez dit. En faire une réserve pour tous les silences dans l'avenir. C'est...c'est un travail solitaire...mais je me sens pas seule, quand je peins.En ce moment oui. En ce moment, par contre, ici, étonnamment avec vous, je me sens vraiment très seule.

Mais y a des jours où je suis épuisée à force de tirer sur mes rêves.

J'ai été totalement en dehors de la vie.

Tu vois, des journées comme aujourd'hui, j'aimerais ça croire en Dieu. Pour sortir de moi.

Ariel...des fois c'est comme un souffle dans mon cou. Une présence.

Avant de te connaître, j'contemplais ma toile après une journée de travail, pis tout était là. Comme une preuve. C'était simple, vivant, en dehors de moi.

Ce qui goûte la mort quand on s'embrasse, c'est pas le baiser. C'est toute la vie d'avant qui
veut mourir. Qui veut faire de la place...à nous.

C'est venir à travers les yeux de quelqu'un...pour se faire croire que ça vaut la peine.

Il s'est vraiment passé quelque chose d'exceptionnel entre nous. Qu'est-ce que tu veux que je
te dise?...Pardonne-moi!

Est-ce que j'étais plus facile à aimer quand y avait juste toi pis Jérome ? Quand j'étais personne ?

Mon Dieu ! ça te fait peur que je sois heureuse ?

(En didascalie) Ariel est seule avec sa plus grande peur. Celle d'être aspirée par la mort. La sienne.

(Monologue d'Ariel qui parle à son mari décédé) C'est trop violent ça, Jérôme. Comment veux-tu que j'y crois ? Est-ce qu'il y a des abîmes que tu m'as pas racontés...lesquels? Toutes les fois où tu me regardais sortir avec le plus complice des sourires, est-ce que c'était un jeu ? Y a une peur qui s'installe...c'est mieux si tu reviens...Pas obligé d'être demain...tu peux prendre le temps que tu veux...Juste me dire quand. Me donner une date...précise...une limite...sur
laquelle j'vais pouvoir m'appuyer quand c'est trop dur...

La réalité est si brutale. Y a tellement de bruit...Toi...c'est le silence...Moi, je sais pas...

Ça a été ...fulgurant. On a été frappés par la foudre. Ça existe. Et puis ça reste Ariel. Quelque chose de fort. Je pouvais pas reculer.

Être mort, c'est quoi ça ? Même mort, on dirait que le mort apprivoise encore sa mort.

- Qui on aime quand on aime les autres comme soi-même ?
- Personne. On aime, c'est tout.

Tu le sais, j'ai jamais connu ça... être deux. Ça m'a mis à l'envers. Mais je suis courageuse.

Si je croyais en Dieu, je lui demanderais de me libérer du mal.

Après un certain temps, la mort m'a donné envie de vivre.

Kiki - Survivre, c'est vivre davantage.
Ariel - Porter les morts.
Kiki - Et vivre très fort.
Ariel - Survivre aux morts, avec les morts.
Kiki - Et vivre encore plus qu'avant leur mort.

Bon, peut-être pas si en vrac que ça, finalement...
Avec tout ça, je l'ai relu une deuxième fois, et je ne peux plus d'attendre la représentation.

1 commentaires:

L'Excessive a dit…

Salut miss !

Fait un bout que nous nous sommes parlé, mais sache que je te lis et que je m'ennuie de toi !

Après toutes ces années, on l'a toujours pas fait, notre brosse à la tequila :p

'Faudrait que je reprenne l'habitude de me connecter automatiquement sur msn...j'veux des nouvelles !

-xxx-

PS : Pas de nouveau blog, je donne la respiration artificiel à mon ancien présentement :p