20 septembre 2008

Canyon

Ça n'allait pas bien, vendredi. J'avais une grosse boule d'émotions mélangées coincée dans le travers de ma gorge. Ça débordait jusque dans mes yeux, mon mal d'être, d'exister, dans cette salle de cours, avec ces gens, écrivant mes notes.

Pleins de questionnements sournois qui remontent en moi, pleins d'interrogations qui ne devraient pas être. Qu'est-ce que je fais en théâtre? En art dramatique ? Moi, j'aime créer, mais peut-être que c'est avec un crayon, en tête à tête avec une feuille et un univers que je me sens le mieux, pas nécessairement sur une scène, devant des gens, à jouer à être une personne que je ne suis pas. Je le fais quotidiennement, merci.

Moi qui est travaillé si fort, si dur - et je n'exagère pas - pour me rendre cette session-ci dans ce cours-là avec mes amis, voilà que je ne me sens plus à ma place. Mais elle est où, ma place ? Elle est où, quand je ne peux pas être dans les bras de mon amoureux ? J'en ai forcément une en dehors de lui, en dehors de celle que je suis avec lui.

Je suis prise pour le stage de la troupe de théâtre, la deuxième audition. J'ai eu un vague sourire en apprenant la nouvelle. Je le savais. Je le sentais.Tout se déroule comme je l'avais prévu, je commence à croire en la visualisation. Même, mieux que prévu ! Je n'avais pas prévu Marc et son amour, mais c'est bien mieux que tout ce à quoi je rêvais. Oh oui, cent fois mieux !

Alors ? Pourquoi ça me tort le coeur comme ça ? Pourquoi je regarde les autres rire et déconner sans être capable de m'inclure ? Je ne suis pas une personne show of, ou comment le dire en français...qui aime se donner en spectacle - littéralement. J'ai longtemps trouvé que le meilleur des passe-temps, des loisirs, c'était un bon livre couchée au creux de mes couvertures - et je dois dire qu'après faire l'amour, ce l'est encore à mes yeux.

J'en ai parlé avec Marc, pour qui l'art dram', c'est comme une seconde nature. Et c'est peut-être ça, mon problème. Le théâtre, ce n'est pas inné chez moi. Je dois travailler fort pour rendre le même effet que lui, on dirait que mon chum a une centaine de personnalités interchangeables selon le texte qu'il récite !

Moi, c'est l'écriture. C'est former des belles lettres rondes, c'est - et je l'ai souvent dis auparavant - bâtir tout un monde avec vingt-six lettres. C'est bête, c'était un échappatoire souvent, que j'ai affûté, peut-être pas à point, mais tout de même.

En finissant le cours, j'avais l'âme sous le bras et le cellulaire rivé à l'oreille, j'avais besoin d'entendre sa voix, pour donner un sens à tout ça. Je n'ai pas assisté à mon cours de l'après-midi, je me suis couchée en boule dans mon lit et j'ai attendu que ça passe.

Ça n'a pas passé.

Et le soir, une sangria à la main, Marc n'y pouvait rien. Las de mes sourires tristes et de mes larmes, il m'a avoué que l'été lui manquait, quand nous étions insouciants et tellement plus heureux, parce que ces temps-ci, à part me plaindre et être débordée, je ne faisais rien d'autres. Ce qui, évidemment, m'a fait cessé de sourire net et pleurer encore plus.

Je me suis couchée le coeur gros, le nez rouge et les yeux piquants. Quelques heures plus tard, je me réveillais, l'amoureux collé à moi, ses bras autour de ma taille, son souffle dans mon cou. Qu'est-ce que tu fais ? Petit moment d'hésitation...J'apprend à vivre au quotidien avec toi.

Ouais, je suis plutôt dans un bas, présentement, bébé chat. Petites larmes furtives de ma part, parce que oui, je me sens plutôt moche. C'est pas grave, ça va passer, on le savait que ce serait difficile. Larmes moins furtives, je décoche mais ça vaut la peine , hein ? Parce que moi je trouve que ça vaut la peine !

Excuse-moi pour tantôt, j'ai dis ça parce que je suis fatigué, je le pense pas, je t'aime.

Ce qui, j'en conviens, ne résoud pas mon problème existentiel d'orientation de carrière - BAC en Études théâtrales ? En Recherche/Animation culturelle ? Certificat en Création Littéraire, en attendant de voir ? J'essaie l'UQAM en Jeux ?

Mais au moins, je sais que j'aurai toujours quelqu'un sur qui compter, quelqu'un qui dort avec moi et qui respire dans mon cou quand ça ne va pas. Ça paraît peu, mais au fond, c'est tellement face à l'inconnu.

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