18 février 2008

Putasseries

J'en ai pleins, des nouveaux textes comme ça, écris à la va-vite pendant un cours particulièrement inspirant parce que beaucoup trop ennuyant pour que j'y prête une réelle attention. Pute, pute, pute. C'est le mot de mon histoire. Ma petite pute à moi.

" J'enfile mes bas de laine mouillés. Ça pique ; le genre de sensation auquelle je ne m'habitue pas. La cigarette au bec, en équilibre de lotus, ma jupe tortille et affiche une attitude réticente ; j'ai toujours dis qu'elle n'aimait pas l'odeur du sperme entre mes cuisses, mais pourtant, été et surtout hiver, j'essaye encore de m'habiller pour aller fumer dehors. Je m'essuie un peu, mes doigts collent sur ma peau et quand je les lèche, c'est encore chaud. J'abandonne ma jupe près du lit , elle était froissée, de toute façon. Il dort déjà, mais ce n'est pas surprenant. En criant son nom quand il jouissant en moi, après m'être inquiétée à savoir si j'avais choisi le bon nom, j'ai eu peur qu'il me fasse cadeau d'une défaillance cardiaque, d'un ACV, AVC, je ne sais pas, un arrêt respiratoire. L'horreur. Une vieille queue coincée dans mon vallon, morte. Une queue froissée comme la mousseline de ma chemise, comme ma jupe en boule par terre, et qui se raidit à peine quand je la touche et la chatouille.

À petits pas feutrés, j'imbibe la nuit et la prend comme manteau. Je ne serais plus là, au matin. Après une cigarette, parfois deux ou trois, je réveillerais le gros qui, à tatôns, gagnera son porte-feuille et me paiera. Je lui proposerai une pipe supplémentaire s'il est plutôt radin ou simplement si j'en ai envie, sinon je m'en irai avec mon butin et priera pour exciter d'autres membres en chemin. D'autres membres, peu importe lesquels, peu importe leur nature.

Je suis une pute. Je ne travaille pas sur Ste-Catherine, mais presque. À plus petite échelle, c'est mon Red Ligth à moi. Je serre les bretelles de mes brassières de dentelle et à travers mes chandails transparents, mes mamelons bourgeonnent. Je suis abonnée aux rouges à lèvres plus rouges que les cerises ,plus apétissants que les pommes. Je suis une pute, je fais la pute. Je marche peu parce que c'est impensable, avec les échasses que je chausse. Je suis dominée ou dominante, je peux être infirmière ou enfantine, mais je suis une pute. C'est ce détail que bien des hommes oublient, avec mes seins dans leur visage et leurs doigts dans mon anus.

Je suis une pute chanceuse. J'aime le sexe. J'aurai pu m'enrôler dans un gang de rues ou dealer avec quelques amis, mais c'est par choix que j'exerce mon métier charnel. J'aime baiser et je ne suis jamais fatiguée. Je dors par obligation et le jour, je travaille dans un Wal-Mart. Remarquez, je suis préposée aux cabines d'essayage, alors, ça me permet aussi d'exercer de temps en temps ma vraie vocation, quand il n'y a pas beaucoup de clients mais que ça me picote entre les cuisses...

C'est peut-être mon complexe d'Oedipe, enfin, sa variante féminine, qui vient à retardement, mais j'aime mieux les hommes d'âge mûrs que les boutonneux précoces. Les trop vieux, c'est navrant, et ça m'inquiète vraiment. Je veux trouver le juste milieu. J'essaie le plus souvent de baiser à jeûn et de jouir vraiment. Je suis une pute célèbre. Anita, celle qui ne fait pas semblant. Mes tarifs sont plus élevés mais on dit que je suis un bon investissment, tant mieux pour moi.

Oui, tant mieux pour moi, je n'attend jamais très, très longtemps dehors au froid, ou à la chaleur suffocante l'été, et je peux même demander l'air climatisé. Je peux aussi me payer le luxe ultime de toutes putes qui se respectent : des congés. Mais je n'en prend que très rarement, ou alors j'offre à mes meilleurs - et plus séduisants - clients une soirée gratuite, en l'échange d'une suite à l'hôtel. Et dans la majorité des cas, ces soirs-là, je dors avec eux et ... je déjeune, aussi. "

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Amélie, je trouve que t'as une belle plume. Tu trouves souvent les mots juste, tes phrases sont jolies. La seule petite critique que je pourrais te faire, c'est de ne pas trop t'inspirer de ce que tu as lu ou vu récemment lorsque tu écris. En parcourant ton texte, j'avais parfois carrément l'impression de lire du Marie-Sissi Labrèche. Dans ton "Fruit d'une nuit mouvementée aussi". Le complexe d'Oedipe, le déjeuner, les comparaisons comiques...

Trouve ton style à toi. Je crois que tu as beaucoup de potentiel.

Amélie a dit…

Eh bien, merci beaucoup, Jess. : )

Mais le plus drôle, c'est que ça a été écrit AVANT que je vois le film ! Je riais moi aussi en voyant le film.

Merci beaucoup, ça me fait vraiment plaisir ! : )

Anonyme a dit…

Hahaha! Bon, alors vous partagez le même imaginaire. ; )

P.S. Quand est-ce qu'on va au théâtre, làlà?

Amélie a dit…

Hélène et moi ne nous entendrons visiblement jamais sur une pièce à aller voir, alors je te laisse choisir ! : )

En autant que nous puissions y aller un mercredi soir, si possible, ou un soir de fin de semaine, sinon ça risque d'être difficile avec mon nouvel emploi ! :)