7 mars 2010

Minou et encore des mots

Quand Minou a fini par reprendre un peu sa contenance, sa première réaction a été ouin, je peux pas faire ça, lui mentir comme ça...je vais aller la voir.

Je me suis contentée d'hausser les sourcils, et on a éclaté de rire. On a démarré ma voiture et on est parti vers le théâtre, ma main dans ses cheveux, encore. Sa main à lui contre ma cuisse. On s'est perdu à Montréal parce que tsé, hein. Merci à mon légendaire sens de l'orientation.

Et c'était...juste...si naturel, d'être comme ça, ensemble. De se taquiner doucement, Minou tu sais même pas où on est, avoue-le donc, c'est pas grave si tu as pas le gêne masculin de l'orientation, on peut demander dans une station-service, hihihi !

On a descendu - ou monter, je sais pas - la Ste-Catherine au complet, il est loin le théâtre Denise-Pelletier, il est vraiment loin de la civilisation - hahaha. Comme on était en retard, on a évidemment trouvé un stationnement à deux pas de l'endroit en deux secondes, comme si la vie était de notre côté, pour une fois - et c'est même pas sarcastique !

La pièce était...étrange. Profondément déprimante. On est resté scotché à nos sièges, un peu terrassé, je crois. Une petite mort. Quand on est sorti, on ne parlait pas, la tête pleine de cette froideur, quand Minou a dit... Ouin. Messemble que je m'ouvrirai les veines, viens-tu ?

Cascades de rire, sortie de la torpeur, avec mon ventre qui commençait à crier famine, parce que rappelez-vous, nous avons escamoté le souper au profit d'une séance de thérapie, fausse barbe de Freud incluse. Dans l'auto, Minou remarque que nous sommes à...hum, à peu près deux rues de l'appart de sa «blonde». Je devrais vraiment aller la voir...

Ce à quoi j'ai répondu, tiens, regarde, l'embranchement pour la 20 est ici !

Regards complices, il prend l'autoroute, et me dit C'est pas avec elle que j'avais envie d'être ce soir...est-ce que c'est grave ? Je hausse les épaules, le coeur qui manque un battement, littéralement. Ben...oui, c'est grave. Mais pas pour moi. Une main sur ma cuisse. Merci.

On parle de tout et de rien, main dans les cheveux encore et encore. Son parfum qui prend toute la place dans le petit habitacle de ma voiture. Je suis si proche de lui que je sens l'odeur de sa barbe que j'aimais tellement, et c'est encore tellement naturel.

Sont venues ensuite les petites confidences. Je suis pas mal distant avec elle ces temps-ci, pis elle me mets encore plus de pression quand elle s'aperçoit que je suis distant...Je sais pas, je pense que j'ai besoin de temps.

Je n'en pouvais plus. Je me suis raidie, et c'est sorti tout d'un coup : Minou, es-tu vraiment surpris que ça arrive ? Sérieusement...quand on s'est laissé pour la première fois en juillet, tu avais besoin de temps, on en a jamais pris. En octobre, quand tu t'es décidé à finir ça pour de bon, la première chose que tu as trouvé à faire, c'est de commencer une histoire avec elle ! Tu as JAMAIS pris le temps, Minou ! JAMAIS ! Et tu t'étonnes que ça foire comme ça ?!

Petit regard surpris de mon ex. Faut dire que...bon, c'est pas trop dans mes habitudes de dire des trucs comme ça, vous en conviendrez. Mais un moment donné...crisse, ça suffit !

Ben non...je suis pas vraiment surpris...mais tu le sais...aussitôt que je suis tout seul, je m'ennuie d'elle, alors...

Attends un peu, là. Tu t'ennuies d'elle ou tu es juste pas capable d'être tout seul ? Tu t'ennuies vraiment d'elle ou simplement d'avoir quelqu'un à côté de toi ? Parce que je crois pas que ce soit spécifiquement d'elle que tu t'ennuies...

Rire sarcastique de la part de Minou. Si tu savais de quoi je m'ennuie...

J'ai choisi d'ignorer la dernière réplique. Commence don par être bien avec toi-même, tout seul, à juste vivre avec toi-même, et après tu penseras à t'investir dans une relation, siboire!

Sur les entrefaits, nous arrivions chez lui. J'en profitais donc pour demander des nouvelles de sa famille - qui me manque tellement. Gros gros pincement au coeur quand il me dit que sa maman ne va pas mieux, qu'en fait elle va bien pire.

Il se stationne près de chez lui, puis est-ce que je peux allumer la lumière dans ta voiture?

...Euh oui, pourquoi?

Aveuglement causé par l'ouverture brutale de la lumière au plafond. J'ai juste envie de te regarder deux minutes.

Et pendant deux minutes, on s'est regardé, les yeux dans les yeux, mes yeux pleins d'eau, et je jurerais que les siens aussi. Puis, sans un mot, il a pris son sac et s'est apprêté à sortir de ma voiture quand...(je rougis encore de ma stupidité chronique)

Amélie - Ben là, bébé ! Mon bi !

Eh oui. Je lui ai réclamé un baiser.

...

...

MAIS FUCK. Je veux dire ! J'ai aucune excuse. C'est sorti de nulle part, probablement des fins fonds de moi, de l'Amélie qui, l'espace d'une seconde, a véritablement cru que c'était une ellipse temporelle. Toute la soirée, se parler, se toucher, s'appeler par nos petits noms... J'ai été mystifiée.

La réaction de Minou a été instantanée : il s'est assis de nouveau dans la voiture, a claqué la porte et a dit mais,mais, Amé! Je peux pas te donner un bi ! On est pu ensemble !

Balbutiements totalement ridicules, mais non mais je sais ! Je sais ! Quand je parle de bi, euh, je veux dire, bec ! Un bec ! EUH non, ben pas un bec mais plutôt deux becs, tsé deux becs comme deux amis se donnent quand ils se voient ?

Ton interrogatif inclus.

Il s'est approché doucement et...

Vous savez, la scène finale, dans Amélie Poulain ? Celle où ils s'embrassent un peu partout, à des endroits ciblés, et que c'est juste trop beau pour que ça soit vrai ? Ben, remake dans ma voiture en ce jeudi 11 février 2010.

Sauf pour le vrai de vrai baiser, évidemment.

Après ce petit moment volé, il s'est pris la tête entre les mains, Mais je t'aime pu Amé...

Yeah, right. Fuckin' right.

C'est correct, Minou, c'est correct.

Il a levé la tête, et Ah, je suis tellement mêlé...

On s'est quitté sur un prends-soin de toi, ok ? Promets que tu vas prendre soin de toi. Je pars pas avant d'avoir une promesse.

Je l'ai regardé marcher vers sa maison, et j'ai même pas éclaté en sanglots. Je crois que j'étais juste...over les larmes.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah la la!!! Votre histoire à vous deux ça ferait un criss de bon film!!

Amélie a dit…

Oui hein !
Et tu sais quoi?
C'est juste le début, en plus.

Anonyme a dit…

Non!!!! Je veux la suite!!! Y'a tellement de rebondissements!! Ma vie a moi à côté ressemble plus à un film de Woody Allen: on parle on parle, mais crime que c'est long avant qu'il y ait de l'action!!

Evyzamora a dit…

Je viens de découvrir ton univers et j'adore la façon dont tu écris....Nice :)