20 mai 2008

Par un soir de beuverie assortie...

J'ai écris pas mal, et longtemps. Jusqu'à 4 heures du matin, des mots que jamais je ne lui montrerai, je crois. Mais je peux bien le faire ici, ça va m'épurer, je crois.

Une seule page, recto-verso. J'étais saoule, j'étais...droguée, ouais, je l'étais. J'étais fatiguée et vaguement blessée, vaguement triste. Mon écriture est itallique, si seulement c'est possible. Je tanguais, je devais être penchée sur ma feuille, sur ma vie, sur la sienne, la nôtre. Enfin, c'est ce que ça donne - sans retouches, sans ajouts, sans rien d'autre.


D'habitude, quand je prends de la drogue, je pense à lui avant de le reste. Ça me vrille l'estomac, jusqu'à ce qu'il m'ordonne, en me serrant les épaules, d'arrêter. Je n'arrête jamais vraiment, mais ça me fait plaisir, d'occuper ses pensées. Il dit que je pense trop...tu crois probablement la même chose. C'est sans doute vrai.

Ce soir, j'ai pensé à toi, pendant que je sentais mon cerveau se ramollir et mes sens se déculper. Ça m'a fait un peu bizzare de perdre un si veux réflexe, ça me contrariait, et ça me calmait. Tu as souvent cet effet-là sur moi. Ça m'a fait sourire, un peu. Quand je m'étouffais, j'imaginais quelles intonations auraient pris tes éclats de rire, si tu m'avais vu. J'ai compris que tu ne me trouves pas belle, mais amusante : je t'avoue que j'abuse de drôleries devant toi, pour ne jamais cesser de voir tes yeux s'illuminer, mais ça commence à devenir quétaine, et c'est sans importance, en fait.

J'ai pourtant laissé vagabonder ces idées pendant un moment, et puis j'ai eu envie de te voir, là, tout de suite. Je commençais à avoir l'esprit embrumé, mais pas les yeux, ni totalement le coeur. Je m'étais souvent demandé, bien des fois avant aujourd'hui, quelle tête j'avais quand je lui parlais. À voir la tienne, quand j'ai voulu te retrouver sur cette terrasse emplie de gens insoucieux de mon état et encore moins du tien, j'ai compris. Réplique exacte de cette expression muette de douleur que je connaissais trop bien, pour lui avoir fréquemment tenu la main.
J'ai figé. Je n'avais pas l'habitude de lire si facilement le visage de quelqu'un. C'est peut-être parce que j'ai si souvent guetté tes moindres mimiques, je ne me souvenais pas celles-là, mais c'était aussi comme si je les avis cotoyées toute ma vie.

Le reflet de cette souffrance ancienne, apaisée mais bien présente, me fit lever les yeux au ciel. Fallait-que tu ressentes ça aussi ? Fallait-il que tu te perdes dans un amour que je devinais tortueux pour enfin trouver la paix, aussi relative soit-elle ? Aussi précaire la mienne était-elle ?

J'ai compté pendant trois ans chaque seconde passées sans lui, j'ai conté chaque instant où il m'effleurait de sa présence. Je l'ai aimé en me questionnant sur tout, sauf sur l'amour irrationnelle que je lui portais, que j'éprouvais. Je l'ai aimé, et c'est cliché, du premier regard au dernier, quand je fus assez forte pour l'embrasser sans céder.

Je voyais enfin le visage du...désespoir, un visage déserté par ces sentiments qui nous font croire, un visage qui essayait de recoller les pots cassés et qui ignorait où étaient les petits morceaux - logés dans tes orteils, avais-je envie de lui dire. Et il fallait que ce soit sur ton...tu m'excuseras, beau visage, que s'affichent ma vie passée, les angoisses et les pleurs. C'était injuste, c'est ce qui m'a traversé l'esprit en regardant les étoiles, tentative vaine de te laisser ta douloureuse intimitié avec elle. Elle avait l'air gentille, et tu avais l'air conquis. Je me sentais plus mal encore que si j'avais surpris un baiser.

Il m'était dur de détacher mes yeux de toi. J'aurai voulu prendre sa place et te le dire. Te dire que parfois, quand une peine nous enveloppe tout entier, te le dire, que le temps n'arrangera pas tout. Te dire que vivre sans elle, eh bien...C'est comme n'importe quoi, on fini par s'habituer, mais on ne peut remplir ce genre de trous dans l'âme. J'en fus désolée.

Je n'ai pas eu envie de t'arracher à elle comme je l'avais d'abord cru. Même maintenant, gourmandises gênantes, les instants que lui et moi partagions étaient sucrées, elles m'appartenaient, elles m'appartiennent, et je me serai battue comme une furie pour rester avec lui. J'avais envie de te dire tout ça avec ces mots-là, parce qu'à défaut d'être très beaux, ils avaient le mérite d'être absolument vrais. Tristes et esseulés, mais vrais. J'ai eu envie que tu saches l'ampleur de ma peine, afin de comprendre que peu importe la scène finale, on ne peut en sortir indemne.


J'avais les pensées plutôt claires, en me relisant. Je sais qu'il ne lira jamais ça, mais...humf. Il le faudrait peut-être. Il me semble que mon soleil des dernières semaines s'est quelque peu assombri, maintenant.

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