21 août 2007

Maladresses d'enfants

Et bien voilà.

Je ne suis pas allée voir Claudiane,avant son départ. Trop de chagrin accumulé, je me suis défilée. Pas envie de célébrer son départ, plutôt envie de rester cloîtrée sous mes draps en attendant que ça passe.

Ça a finalement fini par passer ce matin, quand j'ai eu mon bel, que dis-je!, mon splendide horaire de Cégep.

Eurk.

Mon horaire est génial pour une personne ne travaillant pas les soirs de semaines. JE travaille les soirs de semaine. Je suis foutue !

Mais bon, je me plains pour rien, sans doute. Parce que moi, mon gros cours de 4 heures le mercredi matin, c'est langage théâtral, c'est pas calcul différentiel ( et que Dieu soit loué!)

Ce soir, je suis allée chez Audrey-Jade écouter un film...et son frère était là.

C'est l'heure de la parenthèse :

( J'ai longtemps hésité avant de rendre mon blog public, parce que je me connais bien. Je suis à l'aise avec mes émotions et mes sentiments, avec mes pensées et mes écrits. Mais parfois, je me demande si tout le monde l'est aussi, et inévitablement, je me censure.

Tout ça pour dire que bon, au risque qu'il l'apprenne, je vais en parler quand même ,parce que je crois qu'il est temps de mettre des mots sur tous les non-dits. )

J'étais amoureuse de son frère.

J'ai tendance à l'oublier, mais bon, c'est vrai. J'ai profondément aimé Jean-Simon, bien que cela me désole souvent. J'ai été élevé avec ce petit bonhomme qui a toujours foncé dans la vie, gueule grande ouverte et crocs accérées, pour la dévorer. Et je l'ai aimé, je crois, dès la première fois où je l'ai aperçu sur le perron à côté de ma maison. Je l'ai aimé avec toute la pureté qu'une petite fille de sept ans peut faire, je l'ai aimé, voilà.

Je l'aimais parce qu'avec lui, je me sentais différente.

Hum, attendez, je vous explique.

J'étais différente. Je l'ai toujours été . Pas la même vision des choses, pas les mêmes amis, pas les mêmes goûts, pas le même corps ou les mêmes dents ou les mêmes yeux que les autres. Mais avec lui, je me sentais différente , et pour une fois, ça ne faisait pas mal. Ça ne me donnait pas envie de ne plus retourner à l'école, ni envie de frapper sur la gueule de Jean-Sébastien. Ça me donnait des ailes.

J'avais huit ans et inconsciemment je comprenais ce qu'il m'aura pris tout le reste de ma vie à réapprendre.

Jean-Simon me laissait gagner au Nintendo. Et quand on riait trop en jouant au Monopoly, on recrachait nos gorgées de Pepsi dans l'évier. Et il m'a vu me rentrer une pinouche de battleship dans le nez. Et quand il me pourchassait avec son fusil de plastique, il faisait semblant d'échapper les munitions pour que je puisse m'enfuir. Et à sa fête de 10 ans, je lui ai offert une carte où il était écrit qu'il était extraordinaire. Je me souviens que son père a dit " Jean-Simon, garde-la précieusement. On reçoit souvent des cartes du genre dans notre vie, mais très peu viennent réellement du fond du coeur. "

Oh, il ne croyait pas si bien dire!

Il m'a appris un tas de choses, Jean-Simon. Ça ne paraît peut-être pas, parce que bien souvent quand je suis avec lui j'ai l'impression que mon cerveau est comme...du jello, mais il m'a beaucoup inspiré. Vous savez, parfois je m'appitoie sur mon sort, je chiale, je me plains, eh bien quand ça m'arrive, je pense à lui. Je pense à lui et à son combat, un combat que moi, je n'aurai sans doute jamais trouvé le courage de mener. Et il m'inspire. Voilà.

On s'est chicané souvent. On s'est engueulé très souvent. Il m'a fait pleurer. Je l'ai fais ragé. Mais je l'aimais. Je l'aimais comme il était ,avec ses défauts et ses qualités, je l'aimais parce que je le connaissais vraiment, parce qu'il n'avait pas de secrets pour moi, qu'il aurait pu être mon frère mais que jamais, jamais je ne l'ai considéré ainsi (surprenant, quand on sait que sa soeur et sa cousine sont mes plus précieuses amies)

Et quelque part au fond de moi, la petite fille à qui il a appris à faire des culbutes dans la piscine l'aime et l'espère, s'en languit encore. Ça arrive, bon. Je ne passe mes journées à penser à lui, mais quand on est ensemble, oui, j'y pense. Et j'imagine. Et ça me plaît, bon ! Ça-me-plaît.

Au risque de paraître quétaine et mièvre, j'ai l'impression qu'on brûle du même feu. C'est quétaine, hein ? : ) Vous étiez avertis, na na. Non mais c'est vrai, on est deux espèces de volcan qui bouillonne, sur le point d'exploser, d'imploser, d'éclater, bref, de faire des ravages. Et lui, sa façon de s'apaiser, c'est son foot. Moi, c'est mes mots, peu importe ce qu'il pense d'arts et lettres pire que sciences vacances, ça c'est comme un voilier la mer bref la croisière tout inclus, je-m'en-fous. Je lui dis pas moi ce que je pense de son trop-plein de testostérones mal barré, pfff...

Tout ça pour dire...euh, pour dire quoi ? Ah,oui. Pour dire que j'ai passé la soirée avec eux et que c'était drôle, spontané et libérateur.

Et qu'en arrivant chez moi ma mère m'a dit, en prenant à tâtons ses lunettes sur sa table de chevet " Approche,approche ! Quand tu vois Jean-Simon tes yeux sont tellement brillants ! "

Bin oui,hein.

Tellement brillants...

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