17 août 2007

Pour en finir avec les départs ...


Celui de Ghys a été...assez dur. Pas sur le coup, sur le coup j'avais juste envie de mettre pause à la comédie qui se déroulait sur mes yeux et de l'amener bien loin, d'eux et de nous-même.

J'avais pas envie qu'ils nous voient se dire au revoir, c'était trop précieux pour que les autres souillent ce moment en le regardant. Alors j'ai été courte, brève et j'ai été droit au but. Bye bye Ghys, tu vas me manquer, reviens à ma fête, fais attention à toi le grand !

Quelle merde.

Moi au fond j'aurai juste voulu lui dire que sans lui, ça ne sera plus pareil ici. Que sans lui et sa proximité toute proche, il me manquera un gros morceau. Que sans sa casquette hideuse du Canadien à l'horizon ... Bin c'est ça. Si sa casquette est plus là, lui non plus, hein !

Je sais que Valleyfield n'est pas une ville très...ouverte d'esprit pour des gens comme lui (j'hésite à dire comme nous. ) Mais je pense quand même que s'il n'était pas heureux ici, il ne trouvera pas son bonheur ailleurs. Pour reprendre un vieux cliché auquel je crois mordicus , le vrai bonheur est fond de ton coeur. S'il ne réussit pas à être heureux dans un endroit où il est aimé, apprécié, où il a des amis qui tiennent à lui et des occasions de s'épanouir, je ne vois pas pourquoi il le serait plus dans un endroit où, au fond, ce sera sans doute ça aussi, mais avec des personnes et des endroits différents.

Les gens peuvent changer, mais nous au fond, on reste toujours les mêmes. On peut blâmer ses parents, son entourage, sa ville, le pape tiens !, le vrai problème, c'est nous. Ça restera toujours nous.

Tant et aussi longtemps qu'on n'acceptera pas d'être différent, d'être conséquent avec qui on est vraiment, on ne sera jamais heureux. Et pis c'est quoi le bonheur, au fond ? C'est QUOI ? J'en ai aucune espèce d'idée ! Parfois je me dis que je suis heureuse parce que là, à cet instant même, il n'y a rien qui pourrait entraver à ma joie. Je suis heureuse et je ne me demande pas pourquoi ; je profite. J'en profite pendant que ça passe.

Mais avant, je ne voyais pas le bonheur sous cet angle. Le bonheur impliquait des gens, des choses, des endroits. Le bonheur impliquait Bruno, impliquait alcool, impliquait Saint. Le bonheur impliquait débauche, soûlerie, joint. Pour moi le bonheur le plus complet, en fait, c'était tout ça mélangé ensemble dans un même grand bol , consommé la même soirée.

Wouah.

Et quand je pleurais des heures et des jours toute seule enfouie sous ma couette, je me disais que c'était un contre-coup du bonheur, que le bonheur était un salaud et la vie, une chienne.

Mais j'avais faux. J'avais tout faux.

Le bonheur, mon bonheur, je l'ai trouvé. En fait, je le découvre chaque fois. C'est d'entendre une chanson que j'aime bien à la radio au boulot, pendant un gros rush à l'heure du souper. C'est rouler dans ma voiture toute seule et de chanter à plein poumon. C'est de regarder cent fois le même film et d'en savoir les répliques par coeur. C'est de nettoyer mon apparail élliptique en nage et en sueur avec le sentiment de fierté qui vient avec. C'est de tendre les bras vers mon cousin qui court pour s'y blottir. C'est rire, parler, et sourire à tous ceux que j'aime, même à ceux que j'aime moins. C'est d'être assise avec mes parents dans le salon, mon chat sur les genoux, un livre dans les mains. C'est ma complicité avec eux, c'est la fierté dans leur regard et la confiance qu'ils ont en moi. C'est de réaliser toutes ces choses, mon petit bonheur.

Je suis en paix avec moi-même, amen.

Je voudrai tant que Ghys les trouve, qu'ils surprennent mon ami chaque matin, à chaque pas, à travers sa vie qui je l'espère finira par recroiser la mienne. Ça ne peut pas être autrement, remarquez, mais quand même. Hier soir, j'ai eu la frousse de le voir pour la dernière fois.

Mon moton est resté coincé dans ma gorge, bien déterminé à ne pas descendre, ni sortir.

J'allai écrire pour vous parler de quelque chose de bien différent, d'autres départs de personnes à qui je ne pourrai même pas étreindre une dernière fois en souvenir du bon vieux temps, et ça aussi, je trouve ça difficile. C'est dur, de voir les gens partir et de rester derrière. Je sais bien que ma vie s'élance tout en restant à Valleyfield, mais il me semble que ça doit être tellement plus facile de plonger en avançant vers l'inconnu. Parce qu'une fois rendu, on ne peut plus reculer.

Moi ici, je peux bien patauger ou couler, l'inconnu se fait discret et la routine reviendra bien assez vite, je ne le crains.

Bon, je vais aller flatter mon moton dans le sens du poil, peut-être que je vais le digérer.

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