Angoissée

Une super soirée de filles pleine de potins, de potins et, ah oui, de potins. J'adore ça, mais je me contente plus souvent qu'autrement d'écouter, sauf quand on parle de sexe - là je suis plutôt une Claire Lamarche. En fait, je suis souvent la Claire Lamarche de la place. Du haut de mon 1 an de stabilité avec Minou, je suis de loin celle à qui on se confie, celle à qui on raconte ses petites histoires, celle à qui on confie la grosseur du membre de son nouvel amant et à qui on demande des trucs personnels qu'on oserait pas demander aux autres.

Moi, j'ai pas grand chose à raconter. Je veux dire, je l'ai déjà dis, même si ce fut un jour le cas, ma vie est loin d'être un téléroman. Je travaille, je mange, je me lave, je vois l'Amoureux, je dors, et ça recommence.

Ça me fait un peu capoter, en fait. Ma belle-soeur qui s'achète une maison, une ancienne amie qui est enceinte, mes amies-lumières qui se font dévierger comme tombent les mouches, mon bacc de 4 ans et après let's go sur le marché du travail, mon chum qui me répète qu'il veut des enfants à 30 ans - mais qui chigne toujours quand je prononce le mot magique a-p-p-a-r-t-e-m-e-n-t, le service de garde qui me draine toute mon énergie et ma peur constante d'être trop gentille ou trop méchante ou que les enfants ne m'aiment pas, les 1 an avec Marc, tout va comme trop vite et je panique.

C'est pas nouveau, direz-vous, mais j'aimerais ça, juste pour une journée, redevenir innocente. Je regarde mes petits amours, comme la belle Thalie-Jade qui s'assoit toute seule et qui me dit, avec ses grands yeux bridés, c'est parce que les autres disent que je suis bébé parce que j'ai dis que je m'ennuie de ma maman !

Le lointain que je m'imaginais avant devient de plus en plus proche et je me sens croulée sous la pression. J'assume vraiment mon choix de carrière, je suis certaine que je vais vraiment aimer ça et que je vais vraiment trouver une profession dans laquelle m'épanouir, mais caline de bine...Je trouve ça dur, vieillir, je pense.