13 mai 2010

Ma job ­> ma vie

Je travaille dans un endroit où on vend de la papeterie en gros - guess where.

Je travaille beaucoup, genre du temps plein, genre depuis la fin de session que je travaille comme une crazy bitch.

Mon poste, c'est aux impressions & copies. Je fais des photocopies, je fais des petits montages dans Publisher, je trouve ça agréable, c'est relativement stimulant. Des fois je fais de la caisse aussi, et j'aime ben ça.

En fait, j'aimais ben ça.

Ma boss, c'est Bonne-Amie-du-Secondaire, une fille avec qui je passais le plus clair de mon temps de secondaire 3 à secondaire 5. Pis tsé, des fois, la vie, ben ça fait en sorte qu'on s'est perdue de vue, sans jamais pourtant arrêter de prendre des nouvelles et tout. Moi j'ai terminé le Cégep, elle, elle a décidé de prendre quelques années pour travailler et pour vivre, elle est gérante justement à l'endroit où je travaille.

Non, mieux : elle est ma gérante.

Voyez-vous venir les problèmes aussi gros que moi je les vois maintenant ? Vous êtes bons, moi j'ai rien prévu. Je me disais, ça va être si agréable de travailler avec elle, elle est chill, Bonne-Amie-du-Secondaire, on s'entend super bien, youppi youppi.

Fuckin' shit.
Fuckin' fuck de fuckin' shit.
C'est une workaholic.
Une vraie de vraie.
De la pire espèce.
Je suis en train de virer folle, littéralement folle, complètement et totalement folle.

Au début je me disais, bon ben, elle prend ça à coeur, tsé. Tant mieux, dans le fond. Elle a lâché ses études et pis, fuck, elle aime ce qu'elle fait, elle compte se réorienter pour travailler dans le commerce, retourner aux études un jour prochain en marketing et tout, tant mieux. Elle est intense mais bon...c'est mieux que d'être blasé, tsé.

Je retire ses paroles et je les regrette amèrement.

Je veux dire, c'est pas sa faute à elle, vraiment totalement pas. Elle travaille de cette façon-là.

Mais là, moi, je dors pu, la nuit.
Je pense à la job, tout le temps.
J'angoisse je m'inquiète, je repense aux commandes que j'ai prise, à la manière dont je les ai fait, je me demande si tout va bien quand j'ai assuré la journée, je suis complètement paniquée. Je marche sur des oeufs, ça fait deux mois - deux ostis de mois - et j'ai l'impression que je devrais être way better que ce que je peux faire en ce moment.

Et pourtant, les «big boss » sont vraiment gentils et compréhensifs. Mais je me mets tellement de pression sur les épaules que sérieux, je craque. Et c'est ça, l'effet pervers. Bonne-Amie sait très bien que je suis une fille gentille, responsable, que je suis travaillante et perfectionniste. Alors elle m'en demande bien plus que si j'étais simplement une commis normale qu'elle connait pas, tsé. Elle se permet beaucoup.

Et je ne suis pas certaine de comprendre tsé, comment ils fonctionnent. Je passe mon temps à me faire rabâcher que blablabla, le client, blablabla, le service à la clientèle, blablabla, être serviable et compréhensif, ne pas faire attendre personne, blablabla, mais aussitôt que je suis débordée et que je demande gentiment de l'aide, blablabla, tu dois apprendre à être plus autonome.

Ohmondieu.

J'ai respiré très très fort et j'ai compté jusqu'à vingt-sept dans ma tête avant d'être suffisament calme pour sourire, grincer des dents et continuer ma journée.

Autonome ?! Autonome ?!?! Il y a quatre clients au comptoir, des gens partout au libre-service et le monsieur vient de dérègler le fax, qui photocopie cinquante fois son document au lieu de le faxer. Et on me dit que je devrais être autonome parce que je demande, gentiment, peux-tu aider Monsieur avec le fax ?!?! Je catche pas. Je fais pas ça parce que je veux me sauver de la job, je fais ça parce que je trouve ça plus respectueux pour les clients de demander de l'aide que de faire patienter 5 personnes pour un client en «détresse».

Parce que ça, c'est une autre histoire, les clients en «détresse».

Tout ça pour dire que quand j'ouvre mon cell et que je reçois un message vocal d'une employée de mon département, en beau sacrament, « Allo Amélie c'est moi rappelle-moi merci bye » j'ai juste le goût de pleurer.

Et d'être insomniaque.
Parce que j'appréhende don ben demain matin.
Et je me demande vraiment ce que j'ai pu faire de pas correct, viarge.

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