3 mai 2010

L'appendice de Minou

En fait, il en plus d'appendice, Minou.
Depuis aujourd'hui.

C'est immanquable : chaque fois que je suis acceptée dans un truc en art dram, Minou entre d'urgence à l'hôpital. La première fois, il s'est fait frapper par un char en traversant la rue. Là, son appendice éclate.

J'ai passé la soirée avec des amies à ruminer ma colère, il ne m'a même pas appelé pour me dire qu'il était fier de moi, fuck esti, il le sait tellement en plus que c'était important, c'est ça qui me fait chier, vous comprenez! Il sait que c'est IMPORTANT. Moi je lui ferai jamais ça, jamais jamias! et la soirée à envoyer des fuckin' messages textes haineux, sérieux Minou si tu avais voulu délibérément me faire chier et me blesser, ben tu aurais pas pu choisir une meilleure façon, fuck !

Vers 11hrs, j'arrive à la maison, la tête pleine de conseil des amies, et le coeur un peu en berne, le cellulaire muet et mon envie de tuer Minou intacte. Je me couche, le téléphone sonne chez moi. Pas sur mon cell, non non, à la maison. Ma mère entre dans ma chambre, Minou au téléphone. Il a l'air bizzare.

Et pour cause. Il venait juste de se réveiller, il sortait de la salle de réveil. Je suis à l'hôpital, j'ai fait une crise d'appendice, je suis correct là, j'avais juste le goût de te parler. (J'entends déjà Meilleur Ami Hétéro faire une crise de coeur en lisant ça.)(Et sacrer aussi.)

Une demie-heure plus tard j'étais dans sa chambre.

Là je suis fatiguée, fuck, tellement fatiguée. Il faisait tellement pitié à voir, coucher au milieu du trop grand lit, emmêlé dans des maudits draps d'hôpital bleus. Je déteste les hôpitaux. Viscéralement. Probablement moins que Minou qui a passé son enfance à se faire trimballer entre deux traitements de chimio, mais je n'ai jamais, jamais, jamais été heureuse dans un hôpital, et encore moins au 7ième étage de l'hôpital de notre ville, là où mon grand-père est mort, où mon père était quand il a eu le cancer, où ma mère a eu son empoisonnement sanguin...

Ça sent, tsé, une odeur de mort.

Anyway. Il était là et on a parlé, je l'ai fait boire, je l'ai aidé - gloups - à faire pipi, malgré son orgueil, avec des mots pas ben ben rassurants - Minou ton pénis je l'ai déjà vu arrête de faire ton prude, bonjour Monsieur Pénis, long time no see ! - et on riait parce que c'était absurde, en fait, totalement ridicule. Il a fini par me chasser le temps de pisser, et on a joué un peu à « je suis sur mon lit de mort alors je me confesse » .

Minou - Des fois là...
Amélie - Oui...
Minou - Des fois j'ai l'impression qu'on est comme le couple dans Le grand Départ.
Amélie, même si je comprends que trop bien - Comment ça ?
Minou - Ben, la femme tsé, elle accepte pas le départ de son mari, pis lui ben, finalement, il part mais il se rend compte que l'exotisme de la femme plus jeune, c'pas tant hot, parce qu'à la fin y'a des jumeaux pis il a pas l'air heureux. Dans le fond là, est-ce qu'on va finir par être heureux un jour ?
Amélie - J'sais pas, Minou. Des fois j'me dis que tu sais pas trop quel rôle je joue, la femme qui peut pas te laisser partir ou l'exotisme.
Minou - Des fois j'aimerais ça être la fille qui se suicide pis c'est ça, me...
Amélie - Eille! Je vais dire à l'infirmière de débrancher ta morphine toi, mon torrieux!
Minou - T'es gentille d'être venue me voir.
Amélie - Comme si j'allais te laisser tout seul quand tu viens juste de te réveiller d'une opération comme ça, tsé.
Minou - Mais non mais, tsé,...
Amélie - Ouais, je sais.
Minou, soupirant - Crisse que ça serait plus simple si on était capable d'être juste des amis.
Amélie, soupirant - Je serai jamais ton amie, Minou, ok. Et si tu me considères comme une amie je serai peut-être mieux de partir maintenant, parce qu'une amie, ça passe pas la nuit au chevet de son ex quand elle travaille à 8hrs le lendemain.
Minou - Ah....merci,merci,merci d'être là.
Amélie - Je vais vraiment arrêter d'être gentille un jour, je te jure.
Minou - Je vais t'appeler demain...ma mère a appelé Emilie...
Amélie - Salope.
Minou - Ça serait malaisant que tu te pointes ici et qu'elle soit là, fek...je vais t'appeler avant.
Amélie - Salope, salope, salope.
Minou - J'ai même pas la force de te dire d'arrêter.
Amélie - Tant mieux. Salopesalopesalopesalopesalope.
Minou - T'es conne, bébé.
Amélie - Toi tu gâches tout.
Minou - Ouin. Toi aussi, dans le fond.
Amélie - Ah..Minou, moi je veux juste être heureuse, tsé. Avec toi.
Minou - Mais moi aussi j'aimerais ça mais, mais, à la fin, j'étais pu heureux. C'est pour ça que les gens se séparent, Amélie. Parce qu'ils sont plus heureux.
Amélie - Pis là, tu l'es vraiment plus ?
Minou - Ben non.

J'ai pris mes trucs, premièrement parce qu'il commençait à tomber de fatigue et parce que fuck, moi aussi. J'ai flatté un peu ses cheveux, ses mains, ses paumes, ses tempes, ses cuisses. Il souriait, il était beau même pleins de bandages, le visage enflé par la morphine et la fatigue.

Tu sais quoi Minou ? Ça va te forcer à prendre du repos, ce mois-là de convalescence.Et ça va te permettre d'être tout seul, de penser juste à toi, à tes petis caprices, du prendre du temps. Bonne nouvelle, non ?

Il a souri, il m'a fait bye bye de la main.

En prenant l'ascenseur, une vieille infirmière s'est jointe à moi.

Nurse - Oh, tu es Amélie, n'est-ce pas ?
Amélie, étonnée - Oui, oui. Je suis désolée, j'avais pas le droit d'être là, hein?
Nurse - Non, tu avais pas le droit, mais quand ce sont nos nouveaux patients, on laisse passer bien souvent.
Amélie - Ohh. Ben, merci. Ça m'a fait du bien de le voir.
Nurse - Ça a du lui faire du bien aussi, il marmonne votre nom depuis son réveil.
Amélie sarcastique - Oh, attention, il marmonnait peut-être Emilie aussi...
Nurse - Non, non. Amé, Amé, Amé, c'est toi ça non, Amé ?
Amélie, émue - Oui oui, c'est moi.
Nurse - Ça fait 40 ans que j'accompagne des patients qui se réveillent après des opérations. Crois-moi, il disait Amélie. Pourquoi il aurait du dire Emilie ?
Amélie - Oh ben, des fois, il est mêlé...

En démarrant la voiture, il jouait Stairway to heaven de Led Zeppelin, j'ai compte cinq araignées-du-soir-espoir et là, je vais dormir, manne.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

ouin ... jme reconnais là ... on est combien à faire ce genre de trucs-là? ;)

moi je me dis que tant que c'est pas fini, c'est pas fini. Et que c'est juste pour ça que je suis encore là. Quand le moment sera venu, il sera temps de partir et je le saurai. Pour l'instant, je n'en suis pas là.

Attention quand même à ton ptit coeur... xx