27 février 2009

J'avais huit ans. J'avais douze ans. J'ai dix-neuf ans.

J'avais huit ans, des lunettes comme celles d'Harry Potter et j'étais toujours trop grosse sur les photos de scolaires.

J'avais douze ans, des lunettes carrées, déjà des boutons en plein milieu du front, et j'étais encore trop grosse, même si les photos de groupe, ça n'existe plus, au secondaire.

J'avais huit ans, les cours d'éducation physique étaient mes pires cauchemars, je me sentais tellement seule que je suppliais mes parents de m'acheter un chat, je refusais de me départir de ma vieille couverture, ma doudou, ma mimi. C'était ma seule amie. On m'appelait la baleine bleue dans les cours sur les mammifères, la grosse torche un peu plus tard, champ de fraise et Frankestein quand j'ai eu mes broches. Bin oui, esti. La petite grosse à lunettes et avec des broches. Je n'avais rien pour moi, hein. J'avais déjà lu la trilogie des Harry Potter, je m'attaquais

J'avais douze ans, je n'étais en paix que dans le cours d'histoire, parce que le prof m'aimait bien, je connaissais par coeur le chapitre sur l'Égypte ancienne et je m'intéressais à tout ce qu'il disait. On me fichait la paix devant lui. Merci, Serge. Le reste du temps, je mangeais seule assise sur une toilette, dans le cabinet des filles, parce que bon, les garçons peuvent pas venir ici. Mais c'est pas grave, on arrivait quand même à me retrouver, et à me lancer du jambon par dessus la porte. Amélie, mon gros jambon, haha ! Hein AM, HAM ! GROS JAMBON ! C'est arrivé une fois qu'un de ces garçons a détaché sa ceinture, me l'a mise autour du cou en criant qu'il l'avait attrapé, le gros cochon sauvage. C'est bon pour l'estime de soi.
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J'avais huit ans. Je croyais naïvement que dans quelques années, j'allais être libéré d'eux, même si les insultes étaient moins pires que celles qu'on lançait à Andrew, tiens, Andrew le petit garçon mal adapté, qui puait toujours un peu plus que tout le monde et qui avait les cheveux gras, ou moins pires que celles qu'on lançait à Stéphanie, qui arrivait en plein mois de février avec une robe d'été, les jambes rougies par le froid, Stéphanie qui sentait le moisi et le fond de sous-sol.
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J'avais douze ans et un couteau de cuisine contre mon poignet. Aujourd'hui on m'a lancé dans une rangée de casier, on m'a griffé, on m'a dit que tout le monde serait bien mieux si moi, j'étais morte. Aujourd'hui, j'ai envie de les écouter. Demain, je ne veux plus aller à l'école - je ne peux plus. J'essaie de m'entailler le bras pendant que mes parents font l'épicerie et que je suis seule ici mais je n'y arrive pas, je me blesse à peine, et pendant que je fonds en larmes, le téléphone sonne. C'est qu'aujourd'hui, entre deux jambettes et trois fois à ramasser mes livres qu'on a fait tomber dans les escaliers, je me suis fait une amie, et elle m'appele pour me demander si demain, demain auquel je me refuse de penser, si demain ça me dirait de venir au cinéma avec elle et ses amies.
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J'avais huit ans et même si on irait de moi, on ne riait pas trop fort, parce que j'étais du genre à relancer des boules de neige et à foncer dans la marmaille les poings serrés. J'étais du genre grosse et grande, pour une gamine de huit ans. J'avais des lulus et de l'ambition. Un jour, quelqu'un a traité mon père, mon petit papa tout mince et musculaire, de l'homme le plus gros de la planète pour avoir mis au monde la fille la plus grosse de la terre. J'ai regardé le petit gars minuscule droit dans les yeux et je lui ai dis, je m'en souviens si bien, toi tu me fais mal avec des mots mais attends de voir ce que moi je peux faire avec un bureau. Et je lui ai lancé mon pupitre en espérant qu'il meurt.
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J'avais douze ans et j'ai craché au visage de la mère de mon bourreau, celle-là même qui le protégeait, qui me suivait partout pour me crier des insultes, celle-là même qui a essayé de s'attaquer à ma mère, une fois. Je lui ai dis ma grosse criss de viking, tu me fais pas peur osti de folle, j'vas te tuer avant que tu fasse mal à ma mère ! Je suis allée chez le directeur et je lui ai tout dis, je lui ai tout déballé mon lot de haine et d'insultes, je lui ai montré mes poignets et je lui ai dis, à lui aussi, si vous faites pas quelque chose pour que ça arrête j'le tue, j'vas le tuer pis j'vas rire de son cadavre après. Ma mère est venue, mon père a crié, le directeur a convoqué le garçon à qui j'ai répété tout ça, et j'ai ajouté pis en plusse, criss, chu ceinture brune en karaté, ça fait que ça va t'faire mal si j'te frappe. Du jour au lendemain, on m'a respecté.
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J'avais treize ans et je me suis fais une autre amie, une amie qui lisait du Victor Hugo, qui avait une caméra numérique et qui me montrait le monde d'une autre façon, une amie avec qui j'ai commencé à boire de l'alcool, avec qui j'ai chanté Bumbo,bumbo, petite automobileuh pour la première fois, une amie avec qui j'ai affronté les marées et les tempêtes, une amie hors norme, une amie qui ne cadrait pas dans la marge, pas parce qu'elle était grosse ou boutonneuse, mais parce qu'elle avait bien compris que ces gens-là n'en valaient pas la peine. Une amie avec qui j'ai découvert Adomonde, un forum de discussion où j'ai compris, moi aussi, que ça existait partout, des gens différents, des gens qui aimaient lire, écrire et discuter. Je n'hésite pas une seconde à affirmer qu'à cette époque, c'est Hélène et Internet qui m'ont sauvé la vie.
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J'avais quinze ans, on m'écoeurait encore dans les corridors de la polyvalente mais c'était moins pire, j'avais pris ma place. Il était une fois un grand garçon, un grand garçon de dix-sept ans qui est entré dans ma vie, qui m'a embrassé devant les p'tits criss de morveux qui m'avaient lancé des cennes pour que j'aille m'acheter des amis et qui m'a protégé, l'espace de quelques semaines. Ça n'allait pas durer, c'était écrit. Après ça, il a ressorti lui-même l'insulte de la baleine bleue et ça, ça a fait plus mal que jamais avant. C'était comme si on me fourrait du jambon dans les yeux dans les oreilles dans la bouche et dans le coeur.
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J'avais quinze, seize, dix-sept ans. Je me suis accrochée à toutes les miettes d'affection que je pouvais récolter un peu ici et un peu par-là. J'ai empoisonné la vie de tous ceux que j'aimais. J'ai ramassé toutes les insultes que j'avais entendues dans ma vie, qu'on m'avait élégamment adressé à différentes périodes de celle-ci, et je me suis trouvée un souffre-douleur, une fille un peu trop grande, qui ressemblait à une cheval. Je lui ai dis va te faire enculer par un cheval osti de pute ! et j'espère que t'as mal à la noune après t'être fait dévierger par Lou, osti de salope de criss. J'ai eu plus d'amies et moins mal, un peu, parfois. On me dévisageait, on me disait que je changeais, les autres amies des premiers temps me trouvaient vulgaire et déplacée. J'avais besoin d'attention, j'avais besoin d'être celle qu'on regardait, celle qui brillait. J'étais toujours soûle, ou gelée, ou les deux à la fois. Je buvais comme on boit de l'eau de la vodka, à la paille en plus. Je collectionnais les peines d'amour, je collectionnais pas les baisers mais les frenchs et quand un homme a voulu me ramener chez lui, j'ai paniqué, j'étais de nouveau la petite fille de huit ans qui aimait Harry Potter et Legolas à la folie, la petite fille qui écoutait du Lorie et qui jouait avec son chat et sa maman.
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J'avais dix-huit ans. Je me sentais parfois comme une vieille âme, comme une femme de quarante ans enfermée dans le corps maladroit et graisseux d'une jeune fille-femme qui ne sait pas trop où elle va, ni vers quoi elle avance. Mais j'avançais. Je n'ai jamais reculé, ou hésité, après le jour où j'ai menacé de tuer quelqu'un. Parce que je le pensais, fuck, je le pensais tellement. Si on m'avait dit oui vas-y, tu peux le tuer, tu n'iras pas en prison, personne ne va t'en vouloir, vas-y, tue-le, je ne me serai pas rendu à la fin de la phrase. J'arrivais au Cégep et j'avais envie d'enfin être libérée par toutes ces années de misère. J'étais en Arts et Lettres, je montais sur la scène en trimballant ma personnalité un peu brisée, mon hystérie collective et mes montées de lait. Je ne me suis jamais laissé marcher sur les pieds après cette heure passée dans le bureau du directeur. Il y avait quelque chose dans ses yeux qui m'ont commandé de ne jamais courber l'échine. J'arrivais au Cégep, j'avais des foulards multicolores, pleins d'anecdotes amusantes à vivre et je ne me suis pas privée pour en profiter. Je frenchais encore autant, je m'étais fais une solide réputation après quelques semaines à peine. Yo, Amé, t'as tu vraiment frenché Jérémie hier ? Nice shot, j'suis jalouse !
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J'avais encore dix-huit ans. Puis ça a fini par arriver. On m'a invectivé comme ça, quand j'allais monter les escaliers vers mon cours d'anglais, malade, au bout de mon rouleau. La blonde d'un gars que j'avais frenché. Ça, ça reste un mystère, hein, pourquoi je frenchais autant maintenant alors qu'avant on m'avait craché dessus et collé des gommes dans les cheveux. J'étais une originale, faut croire. La fille s'est mis à crier, à me dire que j'étais laide, t'es yink une ostie de grosse torche tu mérites pas de vivre, t'es laitte pis y'a personne qui t'aime. Wo minute, tabarnack. Je l'ai pris par les cheveux, ses maudits cheveux blonds frisés tout croches, pis je lui ai parlé dans le blanc des yeux, douze osties d'années de rancoeur pis de frustration accumulées ont passé sur elle. Je lui ai fais peur. Je lui ai dis je touche pas à ton esti de chum tabarnack, tu vas calmer tes nerfs pis aller passer ta frustration ailleurs, si tu suces moins bien que moi, c'pas d'ma faute, fek en attendant, décalisse, scram, pis caliss moi patience avec tes crises de nerfs. La prochaine fois, ça va faire ben plus mal que ça.
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Aujourd'hui, j'ai dix-neuf ans. J'ai rencontré un homme qui me berce le soir, quand tout ça est encore trop lourd à porter. J'ai rencontré un homme qui a accepté ma différente, mes angoisses et qui apaise mes crises. J'ai rencontré un homme qui a vécu la différence, à un différent degré mais quand même, un homme qui peut comprendre pourquoi je pleure en pensant à Cynthia des Invincibles.
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Un homme qui n'a pas ri quand je lui ai dis que je voulais maigrir une bonne fois pour toute, pour me débarasser de tout ça, cette graisse qui m'a pourrie la vie depuis ma naissance. Un homme qui s'entraîne avec moi, qui se prive de Mcdo et qui mange de la salade en ma présence, pour m'encourager. Un homme qui m'aime, ça m'aura pris tant de jours, tant de baisers, tant de larmes essuyées pour le réaliser. Un homme qui m'a amené sur les plages d'Old Orchard et qui a tenu ma main devant les milliers de touristes qui affluaient vers nous.
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Un homme qui va au cinéma dans ma petite ville avec moi et qui garde la tête haute et son bras autour de ma personne quand on croise les petits morveux qui ont fini par vieillir, qui ont fini par baisser les yeux en ma présence, parce que si moi j'ai encore mal de leurs insultes, je crois qu'ils ont mal eux aussi en souvenirs de ce qu'ils ont été. Enfin, certains d'entre eux. Mon principal bourreau n'a pas de regrets, je le sais, je le vois dans ses yeux quand il me croise au Cégep. Et moi, même si c'est mal, j'attends toujours qu'un dix-huit roues ou même juste une petite sunfire lui roule sur le corps. Ça me ferait sourire.
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J'ai été chanceuse dans ma malchance. J'ai rencontré au bon moment des gens qui ont su me garder en vie, qui m'ont montré qui j'étais et qui ont contribué à forger celle que je suis devenue. Je me sens en dette envers ceux qui ont pu voir qui j'étais vraiment, qui m'ont tendu la main, même si parfois ce fut pour la mordre ensuite. Maintenant je regarde les spécialistes qui débattent sur le cas de David Fortin et je me dis, caliss qu'ils comprennent rien. Ça vaut rien la prévention, les programmes de sensibilisation. Je me dis que caliss, Jean-François Mercier a raison quand il dit que la violence se règle en utilisant la violence. Ou la fuite, comme le petit David. Mais certainement pas la prévention dans les écoles.
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Vous irez faire dessiner des coeurs sur des feuilles blanches aux petits monstres qui m'ont traîné dans la boue si longtemps. Vous irez leur dire que non non, ce n'est pas bien de dire qu'un de ses amis est gros, il est seulement différent.
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Vous devriez plutôt vous attaquer à la famille de ses p'tits criss-là, allez voir la mère, le père, le grand frère de ces enfants-là. Allez voir dans leur petit cocon familial si la mère a des tresses de viking et un air de boeuf, si elle est un peu folle, ou dépressive, si elle aime ça, agresser la maman d'une petite fille différente à la sortie d'un cours de karaté. Allez voir si le papa boit son café et baisse les yeux devant les bêtises de son fils, allez voir comment il réagit quand vous lui dites, à votre caisse d'un Canadian Tire, vous, vous allez passer à une autre caisse que la mienne parce que je vous plante votre tourne-vis entre les deux yeux, juste pour voir si ça va faire mal à votre fils autant qu'il m'a fait souffrir. Allez voir comment il prend son tourne-vis, conscient de la vérité des paroles, mais allez-y, allez voir comment le grand frère encourage le plus petit à faire des jambettes à son souffre-douleur, allez-y juste un peu pour comprendre que ÇA NE CHANGERA JAMAIS.
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Je n'ai aucune réponse à ça. Peut-être que ça prendrait des prof qui ont plus de guts, des profs qui punissent, qui sévissent, qui parlent avec les parents, qui vont voir dans les maisons et qui s'insurgent. Des ostis de bons profs, qui empêchent les enfants de dix ans de parler avec la méchanceté de toute une vie. Des profs qui savent mettre leur limite, qui ne ferment pas leurs yeux parce qu'ils sont trop blasés, parce qu'ils savent comme moi que rien ne va changer. Si même les parents n'y peuvent rien, peut-être que les profs peuvent changer quelque chose, j'en sais rien. Dans mon cas, c'est arrivé quelques fois que des profs m'ont tendu la main, qu'ils m'ont aidé. Un d'entre eux m'a très certainement sauvé, une fois.
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Je n'ai pas de réponse, et pour moi, après la nouvelle de la disparition de David Fortin, je pense que plus rien ne va changer. Y'a pas de solution. Les humains sont méchants. Fuck Rousseau, fuck la nature humaine qui est bonne à la base, fuck fuck fuck. Tout le monde est méchant et c'est aux parents de déterminer avec les enfants ce qui est acceptables ou pas. Y'a des gens qui ne devraient pas avoir le droit d'enfanter des merdes comme ça, des merdes qui brisent la vie des petites filles qui lisent Harry Potter et qui se retrouvent dans le personnage principal, et qui pleurent le matin de leur onze ans parce que non, Hagrid ne vient pas les arracher à leur quotidien gris sale et puant, parce que non, Poudlard ça n'existe pas, et que Voldemort est assis à côté de leur pupitre, derrière elles, devant aussi, chaque jour, chaque matin, et que chaque soir, elles reviendront en pleurant et en essayant quand même d'y croire, à Poudlard et à ce jour où toute la douleur cessera.
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Vous êtes même pas obligés d'avoir lu tout ça, moi ça m'a fait du bien en criss. Et si jamais je le croise, David Fortin, je vais tellement le prendre dans mes bras, je lui dirais viens t'en, on s'en va au pays des merveilles, tu vas voir, y'a des feux d'artifices pis des gros coussins pour s'asseoir, tu vas voir, on peut lire, gratter la guitare et avoir les cheveux longs sans que personne ne s'en étonne.
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Ouin.
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Pis je lui mentirai pas, oh non. Je lui dirai ça va pas arrêter de faire mal du jour au lendemain, même si tu t'en vas au bout du monde, y'aura toujours quelqu'un pour te faire passer pour plus laid que tu l'es, pour plus nul que tu l'es, même dans dix ans, tu vas t'en souvenir, de ces moments-là. Tu vas passer devant des enfants et tu vas frémir, tu vas passer devant des adolescents pis tu vas avoir la gorge nouée. Tu vas p't'être bin hésiter avant de t'inscrire à l'université dans des programmes d'enseignement, parce que tu sais pas si tu vas pouvoir être assez fort devant des enfants. Parce qu'une fois que t'es différent, tu peux pas t'en sortir, jamais. Faut apprendre à vivre avec, pis rentabiliser ta différence. Tu vas voir, le Cégep, c'est beau,c'est grand, c'est le salut. Tu vas voir, tu vas trouver toi aussi pour quoi ta différence est faite, pourquoi t'es comme ça, ohh oui.
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En attendant, viens faire un tour sur Adomonde, on va jaser.

5 commentaires:

Audrey a dit…

Oh wow.
Je suis sans mots. C'est tellement beau, tellement touchant, tellement triste à la fois. J'aurais simplement envie de te serrer dans mes bras, de te flatter le dos en te disant ça va aller, c'est fini, maintenant. Mais ça ne changerait rien.

Tu as raison. Qu'on implante des programmes dans les écoles, ça ne changera rien au fait que cette violence verbale et physique continuera de faire son oeuvre dans les écoles. Mais en sensibilisant, en montrant où ça peut mener, ce que ça peut faire, en-dedans, ça aiderait peut-être, au moins un peu..

Je fais un travail là-dessus présentement.. J'ai lu que quelque part, en Angleterre, ils ont combattu cette intimidation en confrontant, au primaire, la famille de la victime et la famille des bourreaux. Tout le monde : enfants, frères, soeurs, parents. Et la victime expliquait ce que ça lui faisait, comment ça se répercutait au-delà des murs de l'école, comment ça faisait mal à toute la famille. Et ça a fonctionné. Les fillettes sont devenues copines inséparables.

Mais tout n'est jamais tout beau, tout rose et parfait. Mais je continue de penser, peut-être naïvement me diras-tu, que si les profs étaient plus sensibilisés, s'il y avait des sanctions graves offertes aux bourreaux, aux petits cons qui se permettent de faire ça aux autres, ça diminuerait peut-être. Et si on avait des gens comme toi, qui venaient dans les écoles raconter jusqu'où ça les a menés, ce que ça leur a fait.. je suis sûre que ça aiderait un peu aussi.

Mais des petits connards, il y en aura toujours. Des connards issus de parents connards, ça ne peut pas faire autre chose que des gros connards. La bêtise humaine, ça, on ne pourra jamais rien y faire.

Mais je te dis, sans vouloir te décourager ou quoi que ce soit, que rien ne change. Même que ça empire. Et même en tant que prof, même en ayant une personnalité hyper forte et un caractère à toute épreuve, tu peux quand même manger de la merde de la part de ces gamins sans pitié. J'ai vu des tonnes de profs en burn-out ou sur le point de. Des profs qui n'avaient pas mérité ça, mais qui avaient été choisis par un petit morveux qui avait décidé, au hasard, que cette année, ce serait lui, le prof qu'on aimerait détester.

J'ai vu des profs se faire dire les pires méchancetés. Être agressés physiquement. Et j'ai vu la direction fermer les yeux, demander de passer à autre chose, de ne pas en faire un cas. C'est immonde.

C'est pourquoi je te dis que si tu as de la difficulté avec la bêtise humaine, si tu as souvent envie de recracher toute cette haine accumulée au visage d'insignifiants, l'enseignement, vaut mieux éviter... Parce que tous tes souvenirs auront tôt fait de ressurgir quand tu seras spectatrice d'actes comme ceux que tu as vécus.....

Enfin. Bonne chance malgré tout, je crois sincèrement que tu t'es es très bien sortie, que tu as beaucoup appris de tout ça, tu sembles être une fille/femme forte, avec une tête sur les épaules, très intelligente et qui a beaucoup de coeur.

Et moi, je te trouve très jolie. ;)

Alexe a dit…

Je sais ce que tu as vécu, pas au même stade, non, mais quand même. Je me suis tellement fait traitée de grosse quand j'étais au primaire, mais les p'tits gars ont vite réalisé que j'avais les poings rapides, haha. Mais ça a quand même continué, des fiches de réflexions, j'en ais eu. De nombreuses crises de larmes aussi.

Au secondaire, j'ai réalisé que j'men câlissais. C'est là que j'me suis dit: Bin wayon, sont qui eux autres pour me dire ça ?! Surtout qu'habituellement, c'est des p'tits jeunes cons ROUX qui vont te dire ça (Dans mon cas, en touka =P).

Ça m'a vraiment touché de te lire. Ça me touche toujours, mais là plus que d'habitude. Je dois par contre avouer que j'ai rien en lisant certains passages. Tes répliques sont assez cinglantes. C'était un peu comique. La Jolie Vengeresse... Y'a des fois où j'me dis que ça te va bien ;)

T'es tellement quelqu'un que j'admire Amé, je le pense réellement. De penser que tu as vécu tout ça, ça me fait vraiment de la peine, mais je sais que tu t'en ais sorti du mieux que tu le pouvais, avec les moyens mis à ta disposition.

Anna a dit…

wow.

Malgré mon déficit d'attention, j'ai réussi à tout lire.. et vraiment, comme Audrey, j'aimerais te serrer très fort dans mes bras et crier avec toi FUCK OFF.

Anonyme a dit…

Amélie... C'est une chance que je sois tombée sur ton blog ce soir. J'ai pris le temps de lire ce texte car, dès le début, ça m'a intriguée. Je l'ai lue d'une traite, sans arrêter, car j'étais incapable d'arrêter. Tes mots me touchaient, me prennaient au coeur, et m'ont même fait monter les larmes aux yeux quelque fois.

C'est beau, triste, douloureux et touchant à la fois. Je n'irai pas jusqu'à dire : Je comprends... Car non, je ne peux pas comprendre. Mais si j'essaie juste d'imaginer, je n'arrive pas à croire que tu sois parvenue à surmonter toute cette douleur. J'ai été victime d'intimidation aussi, mais rien de comparable à ce que tu as vécu.

Je ne sais plus trop quoi dire... Tout ce que je veux te dire, au fond, c'est que, même si on ne s'est jamais vraiment parlé, j'aurais voulu te connaître à ce moment là, pour avoir pu te défendre contre tous ces cons qui te pourrissaient la vie.

Je te félicite d'avoir continué, malgré tout. Et ton amoureux, tu le mérites tellement.

En espérant qu'on fasse plus amplement connaissance un jour ;)

Camille xxx

Anonyme a dit…

Je suis tombée sur ce billet par hasard... et ça m'a vraiment touché au plus profond.

J'ai vécu la même chose que toi, et maudit que je me reconnais la dedans. Voldemort assis tous les jours devant, derrière toi...
Tous les matins, je me levais avec un sale mal de coeur qui ne passait que quand je reprenais l'autobus pour retourner chez moi.

Pis t'as tellement raison pour la prévention !! Ma mère me disait toujours de les ignorer, de ne rien dire, de faire comme si de rien n'était. Mais tout a été moins pire le jour où je me suis défendue, où j'ai commencé à dire : "Avec la face que t'as, moi j'insulterais pas le monde". C'est honteux, mais moi aussi je piquais où ca faisait mal pour me défendre. Des : "moi au moins je suis belle", je répondais : "moi au moins je suis intelligente et ça, ça ne s'achète pas et ne se maquille pas." Et à partir du jour où j'ai fait ça (juste pour me défendre, pas à tout le monde), ben maudit ça a été moins pire et j'ai fait ma place. Le monde est une jungle pis même quand t'es jeune. Pire quand t'es jeune : caline les jeunes sont tellement méchants.

Pis moi aussi je traîne ça, tous les jours de ma vie. Quand je rentre dans un amphi, je me demande si les gens me trouvent vraiment grosse ou si je suis pas si pire que ça. Quand je vais à l'épicerie, j'ai toujours l'impression que les gens me jugent, même si la moitié du panier est constitué de légumes.

Une chance que j'avais des amies qui m'ont toujours dit que j'étais une jolie blonde pis qu'anyway, j'avais la plus belle personnalité au monde. C'est con, mais c'est ça qui m'a sauvée. Ta personnalité et ta ténacité t'ont sauvé toi aussi.

Je le sais que je suis grosse comparée aux autres aujourd'hui. Mais je fais du sport, pis je mange pas si pire que ça. Pis maintenant, caline, y'a des matins où je me lève avant d'aller à l'uni et je me dis : Ouais ben aujourd'hui je suis très jolie.

Merci pour le témoignage, ça fait sortir le mauvais. Je te souhaite tout ce qu'il y a de plus beau, pour une battante comme toi.

Bonne chance.
Roxanne xxx