19 décembre 2007

L'amour haut perché

Un bien joli garçon, une charmante conversation, quelques mots et puis voilà, ça y était.

Son sourire en coin, un peu saoul.

Je l'étais aussi, je devais sourire de la même façon, un peu nunuche, wannabe désintéressée.

Il a déplacé ses béquilles et j'ai senti son regard me brûler ; pas envie qu'il détache ses yeux de moi, pas envie de le regarder, un chatoiement au fond des miens.

Un ange est passé, puis elle a parlé. Elle m'a ouvert une porte que je ne suis pas prête de refermer. J'ai souri franchement, je me suis sentie immédiatement bien. Assez pour lui faire goûter mon drink, après cinq minutes de conversation.

Je n'étais pas si saoule, au fond. J'avais l'audace au front et l'envie profonde de ne pas partir, pas trop tôt, pas trop vite, de rester là et de lever mon si petit cou vers ses hauteurs.

Ça m'intrigue, moi, des grands moineaux aux yeux perçants, qui pépillent. Ça me donne envie de me mettre sur la pointe des pieds, des orteils, jusqu'à ce que je sois assez grande pour sentir l'odeur de la liberté adhérée à leur propre cou, si haut, si loin, des quatre pommes dont je suis constituée...

S'en foutre, des autres. Laisser tomber, m'abandonner. Ses grands mots, petits bonheurs. Il était la personnification d'à grands mots, les grands remèdes. Je n'ai pas eu de mal à croire qu'il pourrait me soulager des miens, mes mots, mes mots troubles, mes raisons d'être mais soudain, elles pouvaient être remplacés par des caresses, par des soupirs, par deux grands yeux et un sourire en coin.

C'est là qu'il a dit ce dont je vais toujours me rappeler de lui, et ce même si demain matin, il me demande de sortir de sa vie aussi bien qu'il m'y a fait entrer : " On m'appelle Bob, mais mon vrai nom, c'est Robert...J'imagine que c'était encore à la mode, quand je suis né. "

Amenez-moi une échelle, quelqu'un. Un escabeau, n'importe quoi. Je veux monter dans son monde, je veux voir la couleur de ses yeux se reflèter dans les miens.

C'est peut-être ça, finalement, le coup de foudre. Quand une personne lève les yeux, qu'une autre les baisse, et que le croisement, au final, ça se frappe, ça s'enlace et ça n'a plus envie de se laisser partir.

Il m'a séduit avec ses mots, en quelques minutes, j'en avais la tête pleine. De rêves. De passion. De sincérité. D'humour. J'avais envie de mettre pause sur le jukebox et de l'amener sur la petite terrasse, avec nos manteaux parce que c'est pas chaud, et de parler, parler, parler, jusqu'à ce que nos langues nous supplient d'arrêter.

Puis parler en silence, parce que je suis certaine qu'on pourra se comprendre sans glisser un mot de plus, un mot de trop.

Mes mots troublés. C'est donc ça, le coup de foudre ? Froudroyante rencontre, petit bonheur instantané, improvisé, imprévu ; comme je les aime, finalement.

Et ce moment fugace, particulier, a tenu à se faire écrire ce soir.

Il y avait longtemps que je n'avais pas écris de bonheur, de gaieté de coeur.

J'ai même cru qu'il fallait être malheureuse, et désespérée, pour griffonner des mots troubles, des mots doubles, des mots patentés et recollés.

Veux-tu être mon scotchtape ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Wow! C'est tout ce que j'ai à dire. Ta façon d'écrire me fascine. J'adore.

Alexe a dit…

Ça m'ait déjà arriver de regarder un gars que je connaissais pas dans les yeux et de rester là. C'était étrange comme situation. Ça duré peut-être 15 secondes, mais pour moi ça durer tellement longtemps ! =P Sensation étrange, mais bon !

6p5, c'est bien trop grand ! ;)