2 février 2010

Aujourd'hui

Aujourd'hui, quand je me suis réveillée, j'avais vraiment pas envie d'être moi. Ça m'arrive pas souvent mais j'avais envie d'être loin,loin,loin de ma vie - en particulier de ma peine qui me collait drôlement à la peau. Je suis allée prendre une douche et je me suis vautrée dans ma tristesse, je pense que des fois j'ai un peu le droit de le faire, alors j'ai ressorti le parfum que Minou m'avait donné à Noël l'an passé et je m'en suis mise, puis je me suis recouchée en boule dans mon lit, toute nue entre les draps, et j'ai pensé à lui.

Aujourd'hui j'ai pris l'autobus pour aller à Montréal parce que ma voiture était brisée, et j'ai dormi, le nez dans le soleil, le iPod sur les oreilles, et quand je me suis réveillée, Forever de Chris Brown, et j'ai pensé à Princesse Anna pis à son nouveau bonheur, et ça m'a fait du bien un peu.

Aujourd'hui, j'ai assisté à un cours de philo du théâtre particulièrement intéressant, mais aussi très exigeant, très pénible. Durant celui-ci j'ai bu un immense café à la noisette qui m'a donné mal à la tête, je sais pas pourquoi ça me fait ça le café, enfin ! Mais quand c'était 5hrs, quand j'ai pris mon sac rouge et mes affaires, Mister O m'attendait en dehors du local. Hein, qu'est-ce que tu fais là ? , que j'ai dis, vraiment surprise - pas contente, juste étonnée. Ah, ben, je savais que tu avais ce cours-là, je suis arrivé plus tôt, je voulais savoir si tu voulais aller souper.

Sous les gloussements des autres filles, j'ai dis oui oui et on est parti, on a été mangé au petit Panini près de Sanguinet, il est galant Mister O, il ouvre les portes, il paye les soupers, il enlève même le manteau. Mes amis arrêtaient pas de me texter et de m'appeler, alors je lui ai raconté un petit peu le téléroman de ma vie, Ouin, une de mes meilleures amies voit le meilleur ami à mon ex, et ça me met un peu dans une drôle de position, tu vois. Il a souri, et il a dit, pourquoi, vous êtes pas en bons termes toi et lui ? pis ça m'a fait rire en crisse dans ma tête, j'ai juste dis non, non, pas vraiment en bons termes, on pourrait dire ça comme ça... et il a rien dit, il a hoché la tête et on a parlé d'autres choses.

On a parlé de nos adolescences pas faciles, je lui ai résumé une version short and sweet de l'intimidation dont j'ai été victime, et il a dit, vraiment fâché, je peux même pas comprendre pourquoi des gars s'acharnent sur des filles, encore moins sur une fille comme toi ! et j'imagine que j'aurai du être heureuse qu'il soit gentil comme ça, mais ... bizzarement, non.

Cours de Corpus, ensemble, encore. Je décide de partir à la pause parce que de toute façon j'ai pas trop la tête à ça, j'ai la tête chez le meilleur ami gay, avec une grosse tasse de chocolat chaud et mes amis tout autour. Je décide d'inviter Mister O, juste pour me persuader qu'il en a rien à faire. Surprise ! Il accepte, tout joyeux. On sort et on va bouquiner un peu avant de rejoindre une amie qui nous amène downtown Hochelaga. Il est drôle, il s'achète de la poésie québécoise, il me prête ses mitaines et il fait des blagues comiques.

Mais je sais pas trop.

Chez les amis, je sais pas trop sur quel pied danser, alors je décide de faire ça simple, Allo ! Voici Olivier ! , pas de questionnements, pas de complications, fuck off. C'est Olivier, c'est tout. Je sais pas si je dois moi-même le voir comme un collègue de classe, comme un gars qui m'intéresse - est-ce qu'il m'intéresse ? - ou comme un gars qui s'intéresse à moi - s'intéresse-t-il à moi ?!

On boit du chocolat chaud, on mange du gâteau triple chocolat beaucoup trop sucré et involontairement je pense Mon Dieu, Minou m'aurait jamais laissé manger un morceau de ce gâteau-là et je souris tristement en repensant à quel point c'était pas toujours sain nous deux, même quand on s'aimait comme c'était pas possible. Son meilleur ami me parle beaucoup trop de lui, constamment en fait, et j'essaie de rester zen et détachée devant Olivier, mais je suis pas certaine que ça réussit bien. Son ami dit, je sais pas trop ce qu'il pense, il refuse d'en parler, il dit que c'est un sujet trop douloureux, je comprend pas pourquoi il s'est pointé au Lancement, et une amie-lumière dit d'après moi il voulait juste boucler la boucle de votre histoire et je lui lance un peu trop sèchement parle-pas de ce que tu connais pas, ok ?

Olivier est drôle, il charme mes amis, il s'assoit près de moi mais sans me toucher vraiment, il me parle de trucs que j'ai parlé il y a des semaines dans les cours - des trucs que je me rappelle pas moi-même, il s'étonne en découvrant des photos de moi blonde platine - le brun te va vraiment mieux !! - il m'appelle sa belle perruche et je sais pas trop si je dois rire ou pleurer, il raconte des anecdotes à mon sujet, si vous aviez vu ses cernes après le party de session ! et quand Jean-Sébastien fait des petites pointes à notre sujet, tsé comme dans, lui et moi ensemble, je lui jette des regards catégoriques.

Il manque de houmph. Il manque de wow. Il manque d'excitement, de papillons, de certitudes.

Et pourtant...pourtant.

Ça me ferait de la peine s'il ne s'intéressait pas à moi. C'est égoiste, hein ?

Il va au toilette et Francis - meilleur ami gay - me prend dans ses bras, tout au creux de ses bras et je me sens enfin chez moi. Je me blottis contre lui, je lui demande, le trouves-tu gentil ? et il dit oui, je le trouve sympa ,et là,làlàlàlàlà, j'ai vraiment envie de pleurer parce que moi il m'énerve, il est pas comme Marc il est pas comme Marc il est pas aussi merveilleux que Marc et je sais que je dois pas penser comme ça je vois dans ma tête les yeux de ma mère qui me font la morale arrête de penser à Marc arrête de penser que tu vas retrouver un deuxième Marc, mais j'ai tellement mal que c'est trop douloureux et je lâche un petit Mais c'est pas Marc...

Son meilleur ami me touche aussi le bras, il compatit, ben oui, vous êtes gentils, je pleure un petit peu mais furtivement, tsé, Olivier revient et il faut partir il est déjà tard, on s'assoit ensemble sur la banquette arrière, moi avec mon coeur sous le bras et l'impression qu'il y a quelqu'un entre nous deux, l'impression que je devrais vraiment l'évacuer de moi pour que ça puisse fonctionner, la terrible et douloureuse certitude que je n'ai pas oublié du tout Marc-André et que je l'aime encore, que je suis encore immensément amoureuse de lui. Meilleur ami de Minou fouille dans mon cellulaire, lis des messages de Marc, regarde nos photos, il secoue la tête, l'air abattu un peu, il aime ça parler de Marc avec moi, on ri et moi ça me fait du bien - mais non, non,non, c'est pas bien il ne faut pas il ne faut pas il ne faut pas et je crois qu'après tout ça, Olivier comprend que finalement, ne pas être en bons termes avec mon ex ça signifiait plutôt je suis pas tellement prête à me réinvestir, je suis encore amoureuse de lui.

J'ai des cours avec lui jeudi et vendredi. Il va peut-être descendre ici pour sortir avec nous dans un bar vendredi après l'école, avec Meilleur ami de Minou, qui vient aussi.

Avant de partir chez lui il m'a fait un clin d'oeil et il est sorti sans me donner deux becs sur les joues comme tsé, la convention l'oblige. Je sais pas trop quoi penser.

Je sais vraiment pas trop.

Je sais trop pas.

Damn.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Je vais te donner un conseil Amélie. Le début du commencement, si tu veux exorciser tes démons: Commence par arrêter de le nommer "Mnou". Ça ira déjà mieux. C'est sûr quand lui donnant un surnom affectueux, ça ira pas mieux. Appel-le Marc, ou mieux encore, oblige-toi à l'appeler Marc-André. Ça sera toujours un bon début pour te l'arrache du coeur non? Et pour y laisser entrer quelqu'un d'autre ?

Le printemps arrive, laisse-toi une chance d'être heureuse, peut-être même avec Mister.O. Il y a quelque chose tu en parlais d'une façon tellement rêveuse. Il t'énervait juste parce que tu feelais pas bien cette journée là, alors voilà. Laisse-lui une chance, à lui aussi.

Mais cesse de les comparer par pitié, il mérite pas ça ce pauvre garçon qui demande que ton bonheur. L'autre t'a déjà tellement fait souffrir, ne t'y accroche pas plus.