16 février 2010

Ma semaine avec Minou (3)

Quand j'ai descendu les escaliers vers notre point de rencontre, le souffle court, les cheveux définitivement en bataille - et ils ont gagné, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Mon cellulaire a encore sonné, j'ai répondu, oh tu es déjà là ? J'arrive, je suis au toilette, reste-là Chat...

Ben oui, Chat.

Tsé.

Enfin.

Je vois une amie du secondaire assise un peu plus loin qui me fait des grands signes de main.

Amie - Wow, c'est DON BEN WEIRD !
Amé - Quoi ? Huh ?
Amie- Ben je viens tout juste de voir passer ton ex, il est parti aux toilettes, pis là je disais à mon amie que c'était ton ex et que...oh,oh. Ton visage.
Amé - Ouin. En fait...je viens le rejoindre, on s'en va au théâtre.
Amie - Euh...à trois jours de la St-Valentin?
Amé - Ouin, je sais, c'est un peu weird, mais -
Amie, paniquée - OK OK OK OK. FAIT COMME SI TU LE SAVAIS PAS MAIS IL VIENT D'ARRIVER DERRIÈRE TOI !
Amé, paniquée aussi - OK SHIT SHIT FUCK FUCK JE FAIS ?
Amie, gèrant la situation - Ok tu bouges pas, fais comme si tu me parlais de tout et de rien il t'a pas encore vu, pas encore, ok, LÀ IL T'A VU, mais bouge pas, il hésite, il sait pas trop s'il doit avancer, fait un sourire comme si tu riais, ok parfait, quand je dis go, tu te retournes ok, 1, 2, non pas tu suite...3, GO GO GO VAS-Y !

Et je me suis tournée vers lui, l'air de rien, un vague fou rire suspendu aux lèvres...

Il était là, il était beau, ben oui il était beau il pouvait pas ne pas être beau ça aurait été comme, tsé. Ça se peut juste pas.

Il m'a serré tout contre lui et ça m'a donné le vertige.

Je sais plus trop ce qu'on s'est dit dans les cinq premières minutes. Je tremblais, je pense. Je tremble tout le temps dans les premières minutes. Mais cette fois-là, j'ai pas ressenti de malaise comme quand on s'était revu avec mon cousin, au-dessus d'une frite de Mcdo. J'ai juste senti que ma respiration se calmait et mes mots se démêlaient, un petit peu.

On a marché vers le métro en riant et je me suis dit, quand j'ai presque trébuché en descendant des escaliers parce que je voulais pas le perdre de vue - même si je pouvais le toucher en avançant ma main, je me suis dis, un peu bêtemement, je suis enfin revenue à la maison.

C'était super cliché, Danielle Steel serait fière de moi, mais je veux dire, fuck que je me sentais bien. C'était irréel. Marcher dans l'UQAM avec Marc, le présenter à des collègues, le voir sourire, sentir son odeur, frôler sa peau.

On a discuté pas mal, il m'a fait surtout parler, j'aime ça quand tu parles, Amé. Alors j'ai parlé. J'ai parlé de n'importe quoi j'ai revu dans ma tête toutes les occasions où je m'étais dis que je devrais lui parler de ça et de ça et de ça aussi, j'ai parlé jusqu'à ce que je n'ai plus rien à dire - mais non, sinon je lui parlerai encore.

Il arrêtait pas de sourire, il était accoté contre le poteau dans le métro et moi je parlais et il souriait et il me semblait que oui, vraiment, à la maison plus que jamais.

Après un moment de silence - je veux dire, même la turbo des locutrices fini par avoir besoin d'avaler de la salive, il m'a dit je suis venu au Lancement...

Ah ben.

Alors, tu as trouvé ça comment, le texte ?

Il a souri - encore, mais plus triste. Il a baissé les yeux un peu. J'ai trouvé ça...Amé...tellement touchant. Et...je veux dire, vraiment...triste. Et...sans espoir. Tu n'as plus d'espoir, Amé ?

Sacrament, en quoi tu veux que j'aille de l'espoir, en nous deux ?

...
Ben non, j'ai pas dit ça. J'ai dit quelque chose de boboche sûrement, parce qu'il a enchainé en me prenant la main et en récitant, par fucking coeur, des passages du texte et ça, au-delà des mots, ça m'en a dit beaucoup plus sur ce qu'il avait pu ressentir en lisant mes mots.

On est sorti du métro, on s'est dirigé vers ma voiture, je peux-tu conduire Amé ? Je m'ennuie d'elle..., on riait, il faisait froid mais pas trop, juste assez pour que la neige qui survivait crisse sous nos pieds, et son cellulaire qui n'arrêtait pas de sonner, encore, encore, message received!, et je me suis entendue lui dire, crisse Marc, vas-tu répondre oui ou non ?

Il s'est arrêté simplement, tout près de moi.

« C'est parce que...c'est sans doute Émilie... »

Bon, une autre affaire.

4 commentaires:

Sam a dit…

J'ai l'impression de suivre une série que j'aime trop et qu'il me faut attendre pour voir le prochain épisode. Tu as tellement le don de me faire sentir comme si j'étais là, à vivre ces moments, moi aussi. Je ne sais pas si je peux dire ça, mais tsé, j'trouve ça cute, bon.

Alexe a dit…

Tu sais l'effet que ça m'a donné de lire ceci ? L'impression que j'ai de Lui, eh bien, c'est comme le jeu du Chat et de la Souris.

Il te laisse courir, te rattrape, etc. C'est vraiment l'impression que ça m'a donné et je suis pas certaine que j'aime ça.

Anonyme a dit…

Amélie,
si je peux me permettre.
Y a juste toi dans ton coeur, dans ta peau. Fais donc ce que t'as envie. Au pire, tu vas le regretter au boutte pis tu vas pleurer, vraiment avoir mal, vraiment. Au mieux, c'est comme dans Harlequin, t'est juste trop heureuse. Suis donc les mouvements de ton coeur. Tu verras ben où ça te mène, tu n'es ni idiote, ni pétasse, ni aveugle, ni manchotte. Go, girl.

Anonyme a dit…

Moi j'aime ça parce que c'est pas ma vie! Si c'était ma vie, avec le peu de patience que j'ai Minou aurait pris le bord assez vite parce que je suis trop orgueilleuse. Mais t'sé l'orgueil ça fait souvent passer à côté de belles choses, je parle par expérience là.. il est toujours temps d'avoir des regrets, maid vivre avec des remords c'est pas mal plus tough.