12 novembre 2007

Motton de rien pen toute.

J'ai trempé ma plume dans ton papier. C'était dur, d'être étrangère, face à tant de similitude. Je t'ai aimé dès la première seconde où mon regard a croisé le tien ; encore plus à notre deuxième rencontre. Je te connaissais tant qu'il me semblait ne plus te connaître. Mes souvenirs altérés, je ne savais pas par où commencer. J'ai pausé mes doigts sur tes joues, longuement. J'ai attendu. Tu n'as rien dis. Tu n'as pas bougé. J'aurai préféré que tu te sauves ; moi je n'en ai pas eu le courage. C'est tout ça, la fatalité de notre amour. Je suis peureuse. J'ai tremblé mais je suis restée là. Sotte, peut-être. Trop effrayée pour me retrouver seule.

Tes paupières mangeaient l'oxygène autour d'elles, je me demandais si elles finiraient par m'engloutir. Obstinément closes, je devinais dessous tes yeux que je n'avais jamais vraiment oublié. Tes cheveux tombaient par terre, j'enlevais mes doigts, brûlée, fâchée. Tu n'avais pas le droit. Pas le droit de mourir. Étais-tu mort? Je me le demande toujours.

Tu ne dormais pas, ton sourire avait perdu son esquisse des beaux jours, ton coeur battait-il toujours? Avais-tu seulement déjà eu un coeur ? Je me suis souvent dis que dans ton cas, c'était un alliage de chairs et de muscles, pas un coeur, non non non, on n'imagine pas un être doté d'un coeur en piétiné un autre comme tu l'as fais. Je t'ai arraché mon coeur, il ne battait plus le mien, tu peux en être certain. C'est dommage. J'aimais bien avoir un coeur. C'était plus facile pour t'aimer, pour t'hair, entre autres. Là c'est dur, je dois tout faire avec mon cerveau. Mon cerveau ne t'aime pas, il ne te déteste pas non plus. Il est neutre.

J'écris parce que je ne peux pas réfléchir convenablement et que ça me nuit. Je veux te sortir de ma cervelle, cessez de revoir notre dernière rencontre en boucle, prendre mes ciseaux et inciter le ruban à s'y couper seul.

Je voudrais t'écrire des beaux mots de conte de fée mais je peux pas ; je t'ai déjà dis que notre histoire n'en était pas un. Il était une fois deux êtres qui ne pouvaient absolument pas se supporter mais qui, comble de la fatalité, s'aimaient. C'est ça, notre histoire. On ne se marièrent pas, et on n'eurent certainement pas d'enfants.

C'est ça la vie, ça va, ça vient, souvent ça reste pas. C'est dommage, tu me manques, quand j'ai de la grosse peine gluante à essuyer, surtout quand je suis heureuse et que j'ai envie de te frencher. Je peux pas te frencher. C'est ça , la vie, ça va, ça vient, dans notre cas ça ne viendra plus.

Bon, je devrais pouvoir me concentrer, maintenant que je t'ai extériorisé sur écran, tu devrais me lâcher la mémoire. J'ai pausé mes doigts sur tes lèvres. Elles étaient douces. J'ai fermé mes yeux. Quand je me suis décidée à partir, parce qu'un moment passé trois autres, il faut bien le faire, tu étais déjà parti. Je suis triste. J'aurai voulu qu'on se souvienne que je suis la femme forte, la femme-homme, celle qui quitte, celle qui blesse, celle qui baise dès le lendemain.

Mais non. Bonjour les stéréotypes, tu les as tous pris avec toi. Et moi je suis la femme-femme, la femme-molle qui pleure, la femme-citron qui fait grimacer, à qui on donne du sucre, mais je n'en veux pas de ton sucre doux-amer, je vis ma peine et mes jours s'y suffisent, merci.

Merci.

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