30 novembre 2007

Sans toi ou personne

" J'ai pas peur de toi, j'ai peur de personne ! "

J'avais huit ans. Mon p'tit voisin en avait dix. Et je l'aimais, comme c'est pas permis d'aimer à cet âge-là. J'avais l'amour indécent.

Il me faisait mal, quand on jouait à être d'autres personnes qui elles, je crois, auraient aimé être enfant. Avec nos guns imaginaires, on défonçait des murs blindés, on éclatait des cervelles, on se prenait en otage. J'avais mal et j'aimais ça. J'avais huit ans et j'avais déjà l'amour sauvage.

Quand on partait sur nos bicycles, on se pensait les rois du quartier. Lui devant, à inspecter les environs. Moi derrière, à rouspéter, le nez levé vers l'horion. J'étais meilleure que lui pour pédaler, mais je le laissais rêver, gouverner, me guider. J'avais huit ans et j'avais compris de la virilité toutes les subtilités.

Je lisais mes premiers romans d'amour, maudit que ça avait l'air compliqué, aimer ! Je me cachais et je dévorais des yeux ce pays imaginaire, cette région douillette et rose que je voulais, moi aussi, de tout mon coeur, visiter.

" T'as pas peur de moi ? " , qu'il m'a demandé.

J'avais pas peur de lui. Je savais qu'il pouvait pas tuer une mouche sans pleurnicheras Il parlait fort, mais il mordait pas. Pas moi, en tout cas. On filait ensemble sur nos bolides et je l'aimais, sans savoir que l'amour des romans savons n'existaient qu'entre leur pages. Je l'aimais et j'ignorais que ça pouvait être bêtement ça, l'amour.

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