12 novembre 2007

Obsédée.

J'ai dans la tête une image insistante.

Un vieil homme assis sur un balcon défraîchi.

Lui ou le balcon ?

Les deux...

Une chemise à carreaux et des regrets pleins les poches.

Une toux creuse, profonde, un peu comme la mienne.

Des grandes mains qui ont labouré, semé, discipliné.

Des sillons sur le visage et dans le coeur. Des sillons ou des fentes ?

Une fin de vie ou le commencement de l'après-tout, je ne sais pas. La peinture de la galerie pourrait bien lui tomber sur la vie qu'il ne bougerait pas.

Une vie à écrire ou à raconter, mais quelqu'un y-est-il intéressé ?

C'est la faute à Martha. Elle m'attriste. Sa longue complainte se pique en moi comme un javelot. Far away, far away, whatever happened...I need you more.

À quoi on pense, quand on voit la mort au programme sur le calendrier ? Est-ce qu'on a peur ? Est-ce à ce moment que je croirai en Dieu ? Je ne veux pas finir ma vie enchaînée à ces dogmes. Je ne veux pas avoir peur. Je veux pouvoir rassurer mes petits-enfants en leur disant que ce sont des choses qui arrivent, moi aussi.

J'espère que le paradis existe. Juste pour que mon grand-père y soit bien installé au chaud dans son lazy-boy. Je ne parle plus très souvent de lui, mais parfois, des soirs comme aujourd'hui, il arrive que ça me prenne par derrière sans que je ne m'y attende, et que l'absence de sa présence m'emplisse toute entière.

Des soirs comme ça, je ne sais pas pourquoi, mais je ressens un besoin irrésistible de le voir, de le sentir, de lui parler. Je serre les dents pour ne pas pleurer, mais bon, ça ne fonctionne pas, hein, on s'en doute. Je me demande c'est comment, la mort. J'espère qu'il est bien. Quand je pense à lui, je ne veux pas l'avouer à voix haute, ni même sous torture, mais j'espère qu'il y a quelque chose après. Qu'on est heureux, entouré des siens et des autres aussi. Qu'on se fait des copains même au paradis. Quoi que moi, j'irai peut-être en enfer, avec tous les pêchés que j'ai commis !

Je me demande ce qu'il arrive, ensuite. Quand on ferme les yeux pour toujours. Je suis trop triste encore pour croire que ça s'éteint. J'y croyais, avant. Quand mon grand-père cultivant ses fèves et qu'il barbotait dans sa piscine tout l'été. J'y croyais dur comme fer.

Je ne crois pas en dieu, j'omets volontairement les majuscules parce que ça ne m'importe pas, mais s'il existe, j'espère qu'il prends bien soin de mon grand-papa. Peu importe en fait ce qui nous accueille là-bas, en autant que ce soit doux, que ça sente le bois qui brûle et les gâteaux, je suis certaine qu'il y est heureux.

C'est la faute à Martha, tout ça. Cette chanson est beaucoup trop triste pour être légale.

Et je crois que j'ai renoué avec mon authenticité perdue que je cherchais sur tous les toits depuis le début de la session.

Et ça, c'est grâce à Martha.

Ahhh, Martha. Je crois que ma prochaine paye passera dans l'achat de ton dernier album, coquine,va.

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