12 octobre 2009

La fin de la saison

Pouash.

J'appréhendais le moment où on finirait de travailler ensemble depuis tellement longtemps que ça m'a pris deux grosses heures à réaliser, une fois costumée et bien installée devant le feu de foyer, que c'était peut-être la dernière fois que je travaillais à la Pointe-du-Moulin. (Peut-être pas aussi, mais bon. )

J'ai comme eu une grosse boule d'émotion dans la poitrine et je me suis mis, sous le regard amusé de mon collègue, à arpenter la pièce de long en large, à toucher à la texture des murs et des meubles, à juste respirer très fort, à regarder partout et à fermer les yeux comme si j'allais mieux me souvenir comme ça.

Je me suis adossée contre le volet et le mur râpeux où Marc m'avait embrassé, cette nuit-là, quand j'avais ouvert les yeux très grands pour ne rien perdre des étoiles et du bleu du ciel. Je suis allée me perdre un peu dans les dédales du moulin, il faisait un peu soleil et je voyais le trait de lumière qui m'avait fait le trouver si beau, la première fois.

Je me suis accoudée contre la fenêtre où on s'était si souvent embrassé, et je l'ai fermé toute seule, sans son aide. Je me suis même assise sur le lit où on avait si souvent fait l'amour, en cachette, quand c'était trop pour nous, rester ensemble toute la journée. Je nous ai revu assis à la table, à jouer aux cartes avec tous les autres, l'été passé, et je me suis cruellement ennuyé des débuts de notre couple. C'est toujours comme ça quand ça se termine, non ?

Après, on a fait un peu de ménage, et quand on a fermé la porte de la maison pour l'hiver, il restait encore des braises dans l'âtre du foyer. J'ai dis, elles vont peut-être enflammer la maison, je m'en voudrais tellement trop ! et mon collègue a dit, en me faisant un clin d'oeil parce que je pense que ça se voulait un double sens, non, des braises comme ça, si tu les entretiens pas, si tu leur donnes pas un peu d'oxygène, elles vont mourir de leur belle mort, tu vas voir.

Quand je suis revenue à l'accueil, j'ai fais le même petit manège, vautrée dans ma nostalgie, avec Minou qui me regardait du coin de l'oeil. Je crois que le malaise était insoutenable pour tout le monde, même pour moi.

Et quand il m'a serré la main à la fin de la journée, je me suis forcée à le regarder dans les yeux.

On se voit une dernière fois samedi prochain, au souper de job, et après...je ne sais pas. En fait oui je sais : on-ne-se-verra-plus.

Il m'a dit, tu sais la fille...je pense que je l'aime beaucoup. J'ai haussé les épaules, qu'est-ce que tu veux que ça me fasse, Marc ? Moi tu me déçois beaucoup. Je pensais pas que tu pouvais vraiment dire à quelqu'un qu'elle était la femme de ta vie si tu le pensais pas, si tu le pensais fucking pas jusque dans le fond de tes tripes. Toi tu aimes ça, faire des faux accroires, des faux espoirs ? Jouer avec moi comme ça ? Je suis pas un fucking yoyo, Marc. Tu as pris tout ça...à la légère. Et je t'en veux à mort pour ça.

Il a rien dit, et j'ai tourné les talons, et j'ai dis , vraiment tout bas je pensais pas qu'il allait entendre, fuck you, fuck you,fuck you,fuck you.

Et il a dit, tu sais, c'est correct que tu sois en colère. Tu dois passer par là, Amé. Tu dois vivre de la colère.

J'avais en effet une furieuse envie de le frapper avec une chaise ou avec un poteau ou avec mon char, n'importe quoi aurait fait l'affaire. Puis il a dit, Anyway, penses-tu vraiment que après tout ça, on pourrait revenir ensemble ?

J'ai souri tristement, non, on pourrait pas.

J'ai conduis jusque chez moi dans un état de semi-conscience, et là, ben, voilà. L'inconnu me rentre dedans, et Ghys-le-jumeau-cosmique me dit, sur MSN, Anyway, es-tu vraiment le genre de fille à te contenter du tiède ?

Fucking pas, je suis fucking pas une fille comme ça, même si je l'ai un petit peu oublié, dernièrement.

Et avec les mots de Princesse Anna qui me donne le goût de peinturer ma chambre en rose et de m'acheter un autocollat « Je crois au bonheur & au prince charmant », ben je me dis que fuck, je vais être forte, pis je vais m'en sortir. Je sais pas quand, ok. Je sais pas comment non plus. Je dis pas que ça va être facile et que je vais arrêter de me plaindre ici et que je ne m'accorderai pas des fois de temps en temps mais pas trop souvent des moments de nostalgie, mais je vais m'en sortir.

Parce qu'il a raison, même si on voulait revenir ensemble maintenant,il y a juste trop de choses de brisées entre nous pour que ça fonctionne.

Et c'est peut-être ça qui me fait pleurer autant...

2 commentaires:

Sam a dit…

Tu as mis les mots que je cherchais il prend ça "à la légère". Enfin, c'est l'impression que ça me donne.. Pis, on dirait que ça lui fait plaisir de tourner le couteau dans la plaie. Pourquoi il te parle de cette fille là ? C'est quoi son fun ? Tsé, rien n'arrive pour rien, pis là ben votre job se termine..Pis j'pense que c'est vraiment une bonne affaire. J'ai longtemps souhaité que ça revienne vous 2, parce qu'il avait l'air vraiment en amour et un peu parfait, mais là..les mauvais côtés ressortent et c'est crissement l'opposé de ce que je croyais. Bon faut dire que je le connais pas du tout, mais je me fis à ce que tu as écris.

Maintenant, je te souhaite d'être bien, tout simplement. Que ce soit sans ou avec lui, vis pour toi !

Jane a dit…

Ça va t'aider de plus le voir, je crois.