17 janvier 2008

Tant qu'à bloguer au milieu de la nuit parce qu'insomniaque...

Quand j'avais 15 ans, le gros challenge, dans mon petit patelin, c'était de rentrer au Saint.

Le-Saint.

Un club plutôt miteux, où les doormans se prennent pour les rois du monde, où les barmans ont comme consigne de dilluer leur fort avec de l'eau, où toute la population en chaleur (ou pas) campivalencienne va danser - lire ici se frotter - les vendredi soir.

Parce que tout ce beau monde sait que le samedi, y'a des ontariens et des gros pimps noirs, et que c'est pas agréable, en plus du cover de 10 piasses.

Ouais, le Saint.

L'hôte de mes premières brosses, de mes premiers plans machiavéliques pour m'y introduire en toute illégalité, mes premiers frenchs d'inconnus, mes premiers déboires amoureux et conquètes déchues. Le Saint c'est un peu comme les vieux sous-sols dans le temps de nos parents, les vieux sous-sols que je souhaite aux futures générations de connaître, plutôt que de fréquenter un tel endroit.

Comme c'est écrit sur le site, le Saint a pour but de ... attendez, petite citation : " Depuis décembre 1997, club le Saint a pour but de divertir sa clientèle, dans un décor exotique et une ambiance chaleureuse. "

Ouais. Bof.

Décor exotique, on repassera. Trois,quatre palmiers de plastique que personne ne remarque disposés peu stratégiquement et des wannabe statues égyptiennes dans le portique ne font pas un décor exotique pour autant.

Il fut un temps où j'étais présente, dans ce club merdique - sincèrement, c'est pas la joie - à chaque vendredi, et il fut même un temps où j'y étais probablement une des seules étudiantes de secondaire VI de la polyvalente ; je peux bien remercier mon ex pour ça.

Je n'ai jamais vomi au Saint - maintenant que je peux y entrer en toute légalité, il me faudra bien expérimenter ça.

Ce sont néanmoins de bons souvenirs pour la plupart. Des rires, des danses effrénées, des promesses d'amitié motivées par l'alcool, des papillons dans le ventre avant d'entrer, des discussions interminables, la création de fausse carte vraiment crédible - enfin, nous le pensions.

Des insides inoubliables : Any qui rampe dans l'herbe, ruisselante de pluie, à 3hrs du matin, moi-même qui danse avec un ami d'un ami trop soûle pour figurer que le gars a 29 ans et qu'il est boucher à l'épicerie du coin, mes anciens boss soûls et plutôt délurés, beaucoup de champagne gagné sur le tas dans la foule, des personnes rencontrées qui bien souvent n'ont fait que croiser nos vies sans trop les influencer, sinon que dans nos encore une chose qu'on va pouvoir raconter à nos enfants plus tard !





Des photos, surtout. Le challenge numéro 2. Se faire prendre en photo par Larry, photographe cochon attitré du Saint, en acceptant des mains baladeuses et des t'es belle,ma belle glissés au passage. Peu importe : Larry est un cochon, et nous tenons à ce cliché.



(L'été avant le Cégep, une des plus récentes que nous avons)


Beaucoup, beaucoup d'alcools consommés, mais de souvenir, aucune bière. Des regards, des sourires, des je n'oserai jamais qui au fil de la soirée se transforment en il est où le gars de tantôt, que j'aille lui demander de me frencher, le Saint fut l'hôte de mon adolescence, de ma recherche de mon moi-même et de mes questionnements existentiels.

Je regardais, tantôt, l'album photo sur le site Internet. Des anciennes amies de classe, des filles plus jeunes que moi qui doivent vivre ce dont je vous parle, des plus vieux qui sont accrochés à cette période facile et insouciante qu'est, pour tout le grattin campivalencien, l'époque où le Saint est THE bar à aller, LE bar le plus cool au monde, et Montréal à côté de ça, de-la-petite-bière.

Des camisoles, des seins - parfois les miens - qui se pointent sur les photos, des mèches rebelles, des toupets mouillés, des visages rouges, mais pour la presque totalité, des sourires heureux, un air de bonheur sincère. Des garçons avec trop d'attitude, d'autres qui ont l'air de se demander ce qu'ils font là, des filles qui, à mon âge, découvrent les plaisirs coupables du Saint ; parfois je me demande si je n'ai pas, quelque part, sauté quelques étapes dans mon développement.




(Sur cette photo, qui date de...mon Dieu, au moins 2 ans et demie, admirez la vue sur mon sein gauche. Priceless. J'ai eu tellement honte ! )


Je regarde tout ça et je me dis que maintenant, ou plutôt quand je vais y retourner ( on n'échappe pas au Saint, on ne peut pas y échapper ) ce ne sera pas avec un décolleté vulgaire ou des camisoles stratégiquement portées pour permettre à mes seins de montrer leurs plus beaux atouts.

Je ne joue plus cette game-là, la game du Saint. Non,merci.

J'y ai joué trop tôt, trop longtemps, je ne sais pas, mais ça ne m'intéresse plus. Je suis peut-être prétencieuse, mais quand j'y croise des compagnons du secondaire qui visiblement en sont restés là dans leur étude et qui se permettent de me ... enfin, je le crois, me juger...Parce que je suis en Arts et Lettres, parce que les études, les valeurs, les principes, c'est des trucs importants, dans ma vie et que ça l'a toujours été, à leur grand désarroi. Parce que c'est tellement plus cool d'être sur le marché du travail et de dormir les lundi matin, parce que franchement Méé, ta vie, je ne l'échangerai pas avec la mienne ! Tu peux pas savoir à quel point c'est payant, téléphoniste chez Bell.

Tant mieux pour toi ! Moi non plus, vraiment, je n'échangerai pas de place avec toi !


Mais...


Je me dis que je préfère rester chez moi, tant qu'à ça.

Me frotter sur un inconnu - je déteste ce terme-là - pour le faire chavirer et en récolter - encore - une histoire d'un soir, me ridiculiser parce que trop soûle pour me contenir devant le Grand Valleyfield...

Non,vraiment,franchement...non,merci.

Je décline.

Et la prochaine fois, parce qu'il y en aura une, j'irai au Saint, armée de mon plus beau sourire et de mon plus joli t-shirt, siroter une bière accoudée à une table avec des amis, en regardant la foule danser et suer et vivre des moments qu'un jour, comme moi, ils appeleront souvenirs.

Sur ce, je vais VRAIMENT me coucher !




(Halloween 2007. Le look Charleston, vous connaissez ? Vous auriez du nous voir...nous avions l'air tout droit sorties d'un couvent de soeurs cloîtrées. Nos jolis costumes d'époque faits à la main ne faisaient absolument pas le poids contre les Alice au pays des merveilles perverses, des policières sexy ou des petits chaperons rouges trash et vulgaires. Non, vraiment, moi, l'an prochain, je me déguise en 80's, juste pour le trip de porter du fluo et d'écoeurer tout le monde en chantant du Cindy Lauper ! OHHHH GIRLS, THEY WANNA HAVE FU-UN, OH-HO GIRLS, WANNA HAVE FUN ! )

1 commentaires:

L'Excessive a dit…

Ok.

Y'a de quoi que je comprend pas.

Le nom de ton patelin c'est Valleyfield.

Pourquoi, ciboire, vous vous appelez des...campivalenciens ??

Rapport ?

(Faisais un boutte que ça me démangeait :p)