Dehors il fait vraiment maussade. C'est gris et aujourd'hui, j'ai un cours de randonnée pédestre. Ça me tente pas, ça me tente vraiment pas.

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Aujourd'hui j'ai décidé d'aller voir mon grand-père au cimetière, parce qu'aujourd'hui, j'ai vraiment besoin d'un coup de main du ciel pour traverser ma journée. L'Amoureux et moi ça fait des flamèches depuis le milieu de la semaine, on s'est chicané pas mal et ça me tord le coeur de tous les côtés.

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J'aime pas ça, partir de chez lui avec un peu amer en bouche, un goût d'on ne sait pas dit tout ce qu'on aurait dû, ou pire, un goût d'on s'est parlé avec trop de méchanceté pour rien. J'aime mieux quand on s'enlace doucement et qu'il respire dans mon cou juste avant qu'on s'endorme, même si c'est après une dispute, même si j'ai les yeux bouffis de trop pleurer.

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Parce que moi, je pleure trop. Je suis comme une valve grande ouverte, une valve avec un réservoir infini. Un rien me fait pleurer. Ça a toujours été comme ça, mais on dirait que là, c'est pire. C'est peut-être le printemps qui s'étiole en grisaille, je sais pas, ou l'accumulation de travaux, le peu de temps pour moi et pour nous, je sais pas. On essaie de se voir souvent, l'Amoureux et moi, mais souvent, c'est pas du temps de qualité. Je rêve aux vacances de Noël, quand on passait la journée à paresser au lit, à faire l'amour ou à juste sommeiller un peu, tranquillement, en riant.

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Je savais que ça ne serait pas facile, mais à ce point-là, non, je savais pas. Ça vaut la peine, ça c'est sûr, je remets pas nos choix en question. C'est juste que mon petit coeur, il se fait barouetter d'un bord pis de l'autre, pis je commence à trouver que la session s'étire et s'étire et s'étire...

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On est pas mal rendu au mois d'avril que je redoutais tant. Lui, il dit que y'a rien-là, deux semaines sans se voir, que des couples se quittent pour des mois et qu'ils y survivent, mais moi, je trouve que c'est long, deux maudites semaines. Surtout qu'après, moi, ma session n'est pas terminée. Moi je fini en mai, et avant ça, je pars deux fins de semaines. On est même pas sûr de pouvoir fêter Pâques ensemble. Je le sais que c'est pas une fête importante, Pâques, mais ça me rend triste quand même.

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Hier j'ai écouté l'épisode final des Invincibles trois fois plutôt qu'une. Et j'ai pleuré, pleuré, pleuré, pleuré,pleuré, je n'en finissais plus de pleurer. D'abord toute seule, dans mon salon, perdue comme si j'étais en territoires inconnus, puis dans les bras de l'Amoureux, le soir. Ça m'a fait tellement du bien. On dirait qu'il y avait un néon rose qui flashait dans ma tête, perds pas de temps, arrête de pleurer, mets tes priorités à la bonne place, blablabla, mais j'étais pas capable. Je pleurais et je reniflais et je pleurais.

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C'est stupide, parce que j'ai tout pour être heureuse. Mais malgré ça, je trouve le moyen d'avoir des larmes et je fais des crises de jalousie, je ne suis vraiment pas la blonde idéale. Et lui, il m'aime si fort, il m'aime malgré tout ça, mais je sais très bien que l'amour, ça peut finir par se fâner. On dirait que là, j'ai un peu compris. On dirait que là, je suis en mode ultimatum. Je veux pas le perdre, mon bébé-chat. Je sais pas ce que je ferai sans lui.

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Ça fait que c'est ça. Ça me tente pas, aujourd'hui, ça me tente crissement pas d'aller au Cégep, de sourire, de marcher dans la bouette pis d'aimer ça. Ça me tente juste de rester en pyjama avec mon chum pis de me pratiquer à arrêter de pleurer. Mais là, on se verra pas avant deux semaines, ça fait que je vais me pratiquer à arrêter de pleurer toute seule pour être rendue vraiment bonne quand je vais le revoir. Ouin. C'est ça que je vais faire, aujourd'hui. Sourire pis aller voir mon grand-père au cimetière. Pis brancher le tapis roulant pis courir jusqu'à temps que mes poumons me lâchent.

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Aujourd'hui il fait maussade pis moi aussi.

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Moi aussi.