J'ai tué ma mère

On est pas allés voir Patrick Watson finalement, mais on a été voir J'ai tué ma mère, aujourd'hui. Pis c'était fuckin bon, un 10$ très bien investi, comme dirait mon père quand il va - rarement - au cinéma. Moi, ça m'a fait pleuré un peu parce que justement je pensais à mon père - it's another story ! - et mon chum a pleuré parce que bon, sa mère, il est en train de couper peu à peu le cordon, et c'est un sujet un peu sensible.

Juste comme je me demandais si moi, un jour, je serais une bonne mère, il m'a serré la main plus fort pis il m'a dit, comme ça, pendant que le générique déroulait et que je revenais tranquillement sur terre, je t'aime, je veux passer ma vie avec toi, je veux que tu sois bien dans ta peau pis qu'on fasse des bébés ensemble, peux-tu faire ça pour moi, Amé, être bien dans ta peau ?

J'ai hoché bêtement la tête, je savais pas trop quoi dire, comme si je ne me sentais pas à la hauteur de sa requête - pourtant anodine, pourtant essentielle. Être bien dans ma peau. Je sais pas trop c'est quoi, ou comment faire. On voulait aller aux 3 Brasseurs mais il menaçait de pleuvoir et on avait encore les yeux rougis alors on a mis le cap vers l'UQAM pour aller récupérer la voiture, et moi je parlais pas, je pensais à peine, un pied devant l'autre, et je me sentais terriblement coupable d'être grosse et de ne jamais être une blonde parfaite et quand on a descendu dans le corridor de béton vers le stationnement souterrain, il m'a bloqué le passage et je me suis blotti dans ses bras, en pleurant comme un bébé, comme ce bébé qu'il voudrait me fabriquer. On s'est embrassé comme des ado, maladroitement, puis comme une femme et un homme, enfin je pense, parce qu'on est souvent juste des enfants.

Il a ramassé ma grosse sacoche jaune par terre pis il a dit, je prends ta sacoche, par galanterie mais surtout pour cacher que je suis bandé, et on a ri jusqu'au tunnel dont je me rappelle jamais le nom, celui pour sortir de Montréal, en tous cas. On voulait aller au petit resto italien proche de chez lui mais c'est fermé les lundis, ça fait que j'ai mangé un sandwich au brie et au poulet au St-Hubert, en buvant un gros cocktail qui goûtait pas tellement bon mais j'étais trop orgueilleuse pour l'avouer.

Je suis allée le reconduire chez lui, demain j'ai pleins de rendez-vous, genre des rendez-vous plates mais obligatoires, comme un changement d'huile, comme une prise de sang, comme une teinture à aller rafraîchir, pis il m'a dit en sortant de l'auto, arrête de pleurer tu vas avoir mal à la tête, calvaire que j't'aime, j'ai déjà hâte à demain soir

C'est vrai, là j'ai mal à la tête pis aux yeux, pis je sais pas trop comment m'y prendre pour être bien dans ma peau. Je sais bien que la clé c'est maigrir mais c'est pas si facile, c'est pas si simple. Ça a l'air d'un concept ma foi assez banal pour la majorité des gens minces mais c'est toute une paire de manche, ma mère a passé sa vie à essayer de vouloir maigrir.

Je suis sans doute naîve, mais je pense bien que ça prend de la volonté, une volonté de fer, d'acier, à toutes épreuves, une volonté inoxydable.

Ça, et un prince charmant pour m'aider. :)