10 décembre 2009

Brut

Je suis retournée faire des petites empelettes au Métro Plus où j'ai travaillé, l'an passé. J'étais contente de revoir les gens, les petites madames surtout, qui riaient encore assez forts pour que leurs yeux plissent de plaisir.

C'était drôle parce que c'est un endroit totalement neutre, un endroit que j'ai connu en étant inconditionnellement heureuse, que j'ai quitté dans le même état d'esprit aussi. Inconditionnellement heureuse.

Et chaque matin, en arrivant au travail, je passais dans l'allée des déodorants parce que ça sentait bon, et chaque matin dans l'allée des déodorants je croisais le rack où il y avait une rangée de déodorant Brut, et ça me faisait toujours rire parce que c'était la marque de déodorant à Marc-André et à part dans des métros, y'en a nul part, des déos Brut.

Alors chaque matin j'adressais un clin d'oeil et un baiser imaginaire soufflé aux déodorants en pensant à Marc avant d'aller trancher de la viande froide.

Là vous vous dites sûrement que c'est définitivement pas le gage d'une bonne santé mentale agir comme ça. J'en conviens! J'en conviens ! Mais la suite est pire.

Tantôt, je voguais entre les olives noires tranchées (pour les nachos!) et les avocats (pour la guacamole !), quand j'ai senti dans mes narines la fameuse odeur de l'allée des déodorants. J'ai abandonné carrément le panier devant ma mère qui était perplexe, en me dirigeant d'un bon pas vers l'allée de Brut.

Et en prime, je me disais, s'il en reste des fuckin bouteilles ça veut dire que c'est correct, que ça va être correct, pis si y'en reste pas, ben...ben c'est ça!

Je suis arrivée devant les déodorants le coeur battant, le regard un peu fou.

Je vous jure.

Il restait une seule fuckin' bouteille de déodorant Brut, posée sur l'étagère, au milieu d'un gros trou, sur le métal froid. Ça a fait boum! dans mon coeur, j'imagine que j'ai raté un battement.

Faut le faire pareil. Pendant un an chaque jour je passais devant une tablette pleine de déodorants Brut, je quitte en mai, je reviens en janvier, et 7 mois plus tard il reste une fuckin' bouteille de Brut, qui me regarde. Je pouvais presque voir la barbe de Marc dans le reflet de la bouteille.

J'ai presque eu envie de l'acheter mais non, je l'ai pas fait. C'était plus symbolique comme ça.

Je lui ai fait un clin d'oeil et j'ai soufflé un baiser, en espérant vaguement que personne me voit faire.

Je suis retournée voir ma mère ,et j'ai commencé à trépigner d'impatience pour mon souper-party-soulerie d'anniversaire.

On dirait que, ouais, ok, c'est correct, ça va aller, he's the one et je le sais. En attendant, faut que ça continue.

En attendant, je vais avoir 20 ans dans 3 petites et minuscules heures, pis je suis peut-être pas heureuse mais je suis loin d'être malheureuse, ça, c'est sur.

0 commentaires: