18 janvier 2010

Dude

La seule chose que je me répétais, avant qu'il entre dans le cours, c'était c'est pas Minou pis c'est ben mieux comme ça, commence pas à les comparer, c'est pas un rebound que tu cherches, alors, làlà...c'est pas Minou, pis c'est ben mieux comme ça, commence pas à les...

Ad nauseum.

Je lisais Guillaume Vigneault juste parce que hier, l'Espionne m'avait dit, God, vous allez trop bien vous entendre, il m'a dit qu'il tripe sur Guillaume Vigneault, c'est pas toi qui m'a dit ça aussi ?

Ben...j'ai lu ses livres, messemble. Je sais pas trop. Je les ai chez nous, je pense. Je vais checker ça.

Pis oui, finalement, je les avais, ces livres-là. J'en ai pris un au hasard, ce matin, Carnet de naufrage, et je savais pas trop dans quoi je m'embarquais, juste pour engager la conversation avec lui, tsé. Je me trouvais vaguement ridicule, mais comme ça fait longtemps que j'ai arrêté de croire au destin, j'ai décidé de lui forcer la main. Avant de partir, j'ai pris mon beau foulard pleins de couleurs, en soie. J'ai mis un peu de vert sur mes yeux et du mascara, pour avoir un grand grand regard. J'ai frisé un ti-peu mes cheveux, et je suis partie, le coeur bizzarement en paix avec moi-même.

J'ai ouvert le livre dans le métro, station Angrignon, comme tous les matins. J'ai mis mon iPod, en cherchant une chanson pas trop crève-coeur, qui me ferait pas trop penser à Minou. Les Beatles, parfait. Et j'ai lu.

Et je pense que j'en aurai vaguement pleuré si je n'avais pas été persuadée que c'était un signe, ou un clin d'oeil, ou je sais pas quoi. Un gars en peine d'amour géante, béante comme un océan ou une grosse cicatrice d'opération à coeur ouvert. Les mots Maine, odeur saline, sable, homard. Le drôle de goût dans ma bouche, c'était comme pu sa peine mais la mienne, tout d'un coup.

La journée a bien passé, et quand le gars est entré dans le cours, je dévorais carrément chaque mot, chaque virgule, chaque espace. Il s'est assis juste à côté de moi et il a dit, wow, tu lis tellement le meilleur livre au monde, on était trop du pour se rencontrer !

Et moi je lui ai fait un sourire comme gros comme ça, et on s'est mis à parler de pleins de choses, de Guillaume Vigneault, oui, mais de cinéma aussi, des lectures qu'on avait pas fait et de celles qu'on avait hâte de faire. Je lui ai fait une petite démonstration de mon accent de vieux-français et il a ri, et moi aussi, et il a dit quelque chose d'un peu cheesy à voix basse, j'aimerais ça t'entendre rire plus souvent.

Jess est entrée et là, c'était vraiment parfait comme moment, le bonheur, le chargé de cours sexy et drôle et toujours pertinent, Jess, Mister O qui blaguait avec moi à voix basse, qui me dit À tes souhaits ! quand j'éternue comme une petite fille. À la pause, j'ai pris un presque café au lait et Jess a dit, avec un clin d'oeil, ouin, tu as pas perdu de temps, il est assis à côté de toi ! et j'ai ri encore parce que hein, tsé. Tsss.

Après le cours, Jess s'est volatilisée et comme par magie il restait juste Mister O et moi, ensemble. Il ressemble pas à Marc, il a aucun point en commun avec lui en fait, sauf le théâtre, mais même là, non, il voit pas le théâtre comme Marc, Marc voit le théâtre comme un supplice maintenant, et Mister O, non, surtout pas. Il dude encore en parlant et je trouve ça si drôle. Il a habité partout à Montréal, il adore les gays - mais tsé je suis pas gay hein même si je vivais dans le quartier gay, je suis juste...open mind, je veux dire, ça me dérange pas !

Il me tient la porte quand on sort et quand on entre dans le métro, moi je connais pas trop ça les chemins jusqu'au métro alors je voulais passer dans l'UQAM, pis il a dit, avec un petit sourire, ben tsé, on pourrait marcher...

Alors on a marché. Et c'était juste correct, c'était juste bien, marcher, rire, rire, marcher, trébucher un peu sur une plaque de glace et m'en foutre, parce que c'est drôle, pis parce que c'est moi de trébucher sur une plaque de glace.

Il m'a demandé pourquoi j'avais pas aimé ça le programme en enseignement et j'ai dis, honnêtement, je pense que c'était à la base une mauvaise décision, ça m'a jamais vraiment tenté mais je voulais, tsé, je sais pas...j'y croyais beaucoup en mon couple, je faisais pas ça pour moi, mais pour lui, pour que ça continue. Finalement ça s'est terminé cet été, et j'ai regretté de pas avoir écouté ce que moi, j'avais envie de faire.

(Je sais, ma relation avec Marc a tellement de dates de fins que je peux choisir quand ça m'arrange le moment où on s'est séparé, même si... ;) )

Et il a dit, alors, c'est fini depuis cet été ? Mais... est-ce que ça s'est bien terminé, ou... ?

Et j'ai vu venir la situation potentiellement dangereuse gros comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, et je me suis dit, pis d'la marde, il me prend comme je suis ou il me prend pas ! Alors j'ai dit, ouais, ça s'est vraiment mal terminé.

Et en ouvrant la porte du métro devant moi, il m'a dit avec un grand sourire, Ben l'important c'est que ça se soit terminé...

Et moi, ben sur le coup j'ai vraiment hésité, pis j'ai fini par dire, vraiment le plus sincèrement que je le pouvais , Ouais, tu as raison. Totalement raison.

Ça me tente pas de commencer un quelque chose avec un quelqu'un qui soit pas au courant de qui je suis pour de vrai. Fuck la version édulcorée.

Après on a parlé encore et encore, planté devant les tourniquets, avec pleins de gens qui marchaient autour de nous, mais nous on parlait de théâtre et de pleins de choses et un moment donné c'était clairement ridicule comme moment, et j'étais fatiguée, et lui aussi, je m'attendais pas à une invitation et je lui en ai pas laissé vraiment l'occasion, alors on est parti chacun de notre côté.

Il a dit, à jeudi ! et je me suis dit, oui oui oui oui oui, jeudi jeudi jeudi !

Oh, man. Watch me, just watch me.

Parce que jeudi...c'est le party de session. Jeudi, c'est bières gratuites. Jeudi...je vais être belle,belle,belle.

Belle.

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