28 janvier 2010

L'attente

Je pense que j'ai peur de la réaction de Marc, maintenant que je sais pertinemment qu'il a lu le texte.

J'ai presque peur qu'il m'envoie un courriel haineux, un courriel de bêtises, un courriel où il me blasterait . J'ai peur qu'il prenne tout ça d'une mauvaise façon, que ça lui fasse mal, ma peine étalée comme ça aux yeux de tout le monde - parce que tsé, tout le monde qui me connait sait très bien que c'est lui, le sous-texte.

Même si je jure que la moitié et même un peu plus a été écrit avant que nous nous séparions, très longtemps avant même, on lève les sourcils et on dit, peu importe, peu importe !

Comme si on préférait croire que non, dans le fond, tsé.

De toute façon...on m'a dit aujourd'hui que si je joue la tragédie à moitié aussi bien que je l'écris, que j'allais être une grande comédienne, pleine d'émotion. On m'a dit que j'étais la Sylvie Drapeau de l'écriture et c'était un bien trop grand compliment pour que je l'accepte, d'ailleurs. Je me suis défendue, non, non, des fois je me dis que c'est un accident, quand j'arrive à écrire des textes comme ça, et tout le monde a levé les sourcils, je pense que ça a passé pour de la fausse modestie mais non, vraiment pas, c'est la vérité, c'est ce que je pense.

Je ne sais pas de quelle façon il va réagir. Ma maman m'a dit, après avoir reposé la revue sur la table, Amélie...je crois que tu vas le bouleverser, je crois que tu ne devrais pas t'attendre à ce qu'il t'en parle, ni à ce qu'il te rappelle pour un bon bout de temps, c'est beaucoup, tout ça, à digérer. C'est beaucoup.

J'étais un peu surprise, mais pourquoi ? Il dit qu'il est bien sans moi ! et elle a ri un peu, elle a souri aussi, tu vois bien qu'il n'est pas si heureux, sinon...pourquoi il aurait eu envie de lire ça, en sachant très bien que, voyons Amélie, en sachant que des homards, c'était...comme...au sein de votre couple. Voyons Amélie, il le savait que c'était sur lui, tout ça, en tous cas, que c'était disons...inspiré par lui.

J'ai protesté, peut-être qu'il veut juste être gentil, s'intéresser à ce que je fais, il était peut-être juste curieux...

Ma maman a dit que oui, ça se pouvait, mais elle avait pas trop l'air d'y croire. Et moi, j'ai vraiment peur qu'il le prenne mal.

Le prendriez-vous mal si votre ex publiait un texte dont vous savez très bien que vous êtes le...sujet ? Comment réagiriez-vous ?

J'avoue que là, j'angoisse. Et je me dis que j'ai peut-être poussé l'autofiction un peu trop loin...

4 commentaires:

Noisette Sociale a dit…

Ah, l'attente. Il n'y a rien de pire, je crois.

Je ne sais pas comment je réagirais... Ce texte-là est tellement beau, tellement bien écrit... Comment pourrait-on être fâché devant tant d'émotions?

Je serais bouleversée, très certainement. Mais pas dans un mauvais sens.

Enfin... ;)

Kora a dit…

Ma chérie... Moi je serais flattée si Ex Parfait écrivait quelque chose sur moi... Mais je pense un peu comme ta mère, et un peu comme toi aussi : il est peut-être curieux, il voulait savoir ce que tu écrirais, mais je n'ai aucun doute que ça va lui rappeler quelques moments que vous avez passé ensemble... S'il ne s'en rappelle pas, il n'a pas le coeur à la bonne place.
PS: Le texte m'a fait avoir les larmes aux yeux. T'as vraiment du talent ma belle!

Anonyme a dit…

Je connais un Homme Marié qui en serait très bouleversé... de tomber sur un texte où serait étalé ses erreurs et ses dommages collatéraux. Il serait bouleversé, fâché, mais surtout très triste et vraiment pas fier. Il m'a déjà dit, d'ailleurs, qu'il espérait ne jamais lire un roman dont il serait la trame.

Mais tsé... on fait ce qu'on a à faire. On écrit ce qui nous habite. Pour le reste... fallait y penser avant, s'ils voulaient pas nous fournir de quoi écrire des histoires tristes.

J'adore ton texte, chère Vengeresse.

Amélie a dit…

Merci beaucoup, Anonyme.
Je ne commente pas souvent après les commentaires parce que, tsé, je sais jamais quoi répondre, merci merci, blabla, je trouve ça, tsé...

Mais ton message me touche beaucoup, et je crois que c'est exactement ce que Marc-André doit ressentir, tu as très bien verbalisé ce qui me trottait dans le coeur comme interprétation à son silence.