10 janvier 2010

Le visiteur - Eric-Emmanuel Schmitt



Je savais déjà que le cours «Dramaturgie contemporaine» allait probablement être mon cours préféré, parce que t'sé, hein. Parce que !

Mais je pouvais pas imaginer que les pièces que le prof nous donnerait à lire seraient aussi...majestueuses.

Je connaissais pas Eric-Emmanuel Schmitt, maintenant je me sens prise d'une furieuse envie de dévorer tous ses livres un par un jusqu'à la dernière goutte.

Quatrième de couverture, pour vous donner un avant-goût : « Vienne 1938 : les nazis ont envahi l'Autriche et persécutent les juifs. Par optimisme, Sigmund Freud ne veut pas encore partir ; mais en ce soir d'avril, la Gestapo emmène Anna, sa fille, pour l'interroger. Freud, désespéré, reçoit alors une visite étrange. Un homme en frac, dandy léger, cynique, entre par la fenêtre et tient d'incroyables discours... Qui est-il ? Un fou ? Un magicien ? Un rêve de Freud ? Un projection de son inconscient ? Ou bien est-il vraiment celui qu'il prétend être : Dieu lui-même ?
Comme Freud, chacun décidera, en cette nuit folle et grave, qui est le Visiteur...


Je pensais pas aimer ça, j'en ressortie toute bouleversée. Il faut aimer le théâtre où les mots sont plus forts que les images, il faut aimer les monologues, les silences, les non-dits.

Des citations, comme ça, parce que c'est trop beau pour rester entre deux couvertures rigides.

Freud - On ne change pas, Anna, c'est le monde qui change, les hommes qui se pressent, les bouches qui chuchotent, et les hivers plus froids, et les étés plus lourds, les marches plus hautes, les livres écrits plus petit, les soupes qui manquent de sucre, l'amour qui perd son goût...c'est une conspiration des autres car au fond de soi on ne change pas.

[...]

L'Inconnu - Et vous la tiendrez dans vos bras, lorsqu'elle reviendra, et vous l'embrasserez avec ce bonheur qui n'est pas loin du désespoir, avec ce sentiment que la vie ne tient qu'à un fil, un fil si étroit, si mince, et que le fil se trouve, provisoirement, retendu...c'est cette fragilité-là qui donne la force d'aimer...

[...]

Freud - Le monde et moi, nous étions séparés désormais. Alors j'ai pensé...

L'Inconnu - Et tu as pensé « Et la maison est vide quand je crie et je pleure. Personne ne m'entend. Et le monde est cette vaste maison vide où personne ne répond lorsqu'on appelle. Je suis venu te dire que c'est faux. Il y a toujours quelqu'un qui t'attend. Et qui vient.

[...]

Freud - Où étiez-vous lorsque vous avez entendu sa voix ?

L'Inconnu - Nulle part. Ce n'est ni loin, ni près, ni même ailleurs. C'est...inimaginable, car on n'imagine qu'avec des images, or là, il n'y a plus rien, ni prairies, ni nuages, ni étendues d'azur, rien... Où êtes-vous lorsque vous rêvez ?

[...]

L'Inconnu - La sagesse consiste souvent à suivre sa folie plutôt que sa raison.

[...]

L'Inconnu - Personne n'avait rêvé sa vie pour lui. Personne ne se pencha sur son berceau en lui prêtant le succès, le brillant ou les plus belles amours. Les fous sont toujours des enfants que personne n'a rêvé. Je me sens très proche de lui.

Freud - C'est étrange, je ne vous en veux même pas. Au contraire, même, je me sens comme débarassé d'une douleur, comme si l'on m'avait enlevé une épine...

L'Inconnu - C'était le doute.

[...]

4 commentaires:

F. B. a dit…

Mon Dieu, Schmitt.
Ses romans sont parfois un peu boboches, avec une morales simples, MAIS SES PIÈCES, par Toutatis !
Son théâtre est bourré de belles réflexions, de phrases qui pourraient avoir été écrites par celui qui les lit, de passages qui font pleurer. J'avais déjà eu un kick sur cet auteur, je suis définitivement tombée en amour en lisant son théâtre.

Bon choix !

Amélie a dit…

Disons qu'il est imposé haha. ;) Je suis juste triste de savoir que je ne pourrais pas faire mon travail d'analyse sur cette pièce, parce qu'elle est à l'étude trop tard dans la session ! Quel dommage!

On m'a conseillé de lire « Si j'étais une oeuvre d'art » du même auteur !

F. B. a dit…

Excellent choix =) J'ai bien aimé "Lorsque j'étais une oeuvre d'art". Une belle démonstration de l'eugénisme mêlé à l'art, de mon avis.

Anonyme a dit…

J'adore cet auteur. À chaque fois que j'ai lu une de ses oeuvres, j'en suis ressortie bouleversée. Souvent, aussi, avec l'impression d'être devenue une meilleure personne au simple contact de ses mots.